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Les ombres du Styx 1. Le Maître de l'éternité

17/11/2011 6906 visiteurs 6.3/10 (4 notes)

L e jour point à peine à Leptis Magna en cette année 205 que, déjà, l’agitation est à son comble. Le corps d’un enfant enveloppé de bandelettes et momifié a été retrouvé au pied du chalcidium (centre commercial). C’est le troisième garçon de la noblesse locale à être tué en trois mois. Fraîchement arrivé sur place, Marcus Seïus Dento, l’enquêteur dépêché par l’empereur, se met aussitôt à la tâche. Interrogeant l’entourage des victimes, il commence à cerner le profil du tueur. Mais les parents des enfants morts et leurs amis s’impatientent et, apprenant que le criminel connait les rites égyptiens, sont prêts à faire justice eux-mêmes : les prêtres du temple d'Isis ne sont-ils pas des coupables idéaux ? Ou encore ce Terentius Aquila, leur pair si méprisant et aux habitudes plutôt étranges ?

Laissant derrière elle l’Égypte pharaonique, Isabelle Dethan (Sur les terres d’Horus, Le tombeau d’Alexandre, La maison aux cent portes) plante le décor de sa nouvelle série plus à l’Ouest, dans la colonie romaine de Tripolitaine (Lybie actuelle), à l’aube du IIIe siècle de notre ère. Cependant, si l’époque et les lieux ont changé, force est de constater que ce premier tome des Ombres du Styx ne paraît pas beaucoup s’éloigner du principe qui présidait à Sur les terres d’Horus. L’auteure propose en effet de mener l’enquête sur les pas d’un héros qui est le représentant de l’empereur, tout comme Khaemmouaset était celui de son père le Pharaon.

Le récit commence assez rapidement par la découverte d’une victime et les premières investigations de Dento qui mettent rapidement au jour un certain nombre d’éléments clés et font déjà entrevoir quelques failles parmi les notables de Leptis Magna. Malgré une intrigue relativement classique dans sa construction, Isabelle Dethan ménage plutôt bien ses effets, en brouillant plusieurs fois les pistes. Par ailleurs, le caractère pédophile du meurtrier, l’évocation des abandons d’enfants malformés et la méconnaissance (pour ne pas dire la peur) entourant les mystères liés à certaines religions « étrangères » constituent l’occasion d’aborder quelques points intéressants sur les mœurs ou les croyances des Romains de l’Antiquité. Enfin, une partie des protagonistes, l’enquêteur impérial en tête, s’avèrent posséder une vraie stature, comme ce Terentius Aquila plutôt ambivalent.

L’histoire est portée par le dessin tout en finesse et le trait reconnaissable de l’auteure. De belle facture, celui-ci offre au lecteur une plongée savoureuse dans la Leptis Magna du IIIe siècle, dont les décors et paysages, entre mer et sable, sont particulièrement soignés. En revanche, les personnages pâtissent d’un manque de finition par moments, ce qui gâche un peu le plaisir visuel. Cela est rattrapé par une mise en couleurs à l’aquarelle qui crée de belles ambiances et colle bien à l’atmosphère générale.

Ouvrant de façon certes un peu convenue une nouvelle série policière, sauce antique, et malgré quelques bémols, Le maître de l'éternité se révèle une lecture agréable et relativement prenante. Rendez-vous est pris pour le prochain tome.

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
6.3

Informations sur l'album

Les ombres du Styx
1. Le Maître de l'éternité

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