C
omment Tabasco s’est-il retrouvé déguisé en sorte de Bioman jaune affrontant une grosse vache bleue croisée avec un cyclope ? Il faut dire qu’avec un prénom pareil, son histoire ne devrait pas manquer de piquant. Pourtant, rien ne destinait cet ado à vivre de grandes aventures épiques. En compagnie de ces trois acolytes, tous aussi branleurs que lui, sa principale activité est d’aller squatter la salle de jeux la plus proche pour tenter de faire exploser son record à Street Fighter. Mais, ce jour-là, rien ne se déroule comme prévu. L’habituel tenancier est absent, remplacé par un vieux « au nez tout biscornu » (détail important pour la suite) et la borne d’arcade est déjà occupée par un inconnu. Le genre de broutille qui fait monter la moutarde au nez de Tabasco qui ne tarde pas à faire parler ses poings.
Il faut bien l’avouer, la couverture n’incite pas forcément à ouvrir l’album. À mi-chemin entre un Club des cinq revisité et un Indiana Jones exilé en terre aztèque, le lecteur ne sait finalement pas trop à quoi s’attendre. Il aurait pourtant bien tort de ne pas franchir le pas. Tot (Dofus, Maskemane…) s’est directement inspiré des sentaï (feuilleton pour enfants au Japon) pour imaginer Teotl, un récit loufoque à l’humour parfois lourdingue mais qui contient néanmoins quelques scènes qui méritent à elles seules le détour. Censée être destinée avant tout à un public adolescent, l’histoire est relativement simple et vaut surtout pour son côté décalé, ses références kitchs et ses dialogues parfois désopilants.
Si la première prise de contact avec les différents personnages n’incite pas franchement à l’optimisme, la deuxième partie de l’ouvrage et la rencontre avec le « gros poulet qui parle » est franchement jubilatoire. Mylydy, dont c'est la première réalisation, s’éclate dans un style mêlant franco-belge et manga. Le découpage est efficace, les scènes de combat parfaitement maîtrisées et la couverture… oubliée.
Teotl est grossier, complètement barré et déjanté, si bien qu’on a finalement du mal à être tout à fait certain de sa cible. Peu importe. C’est aussi un agréable vent de fraîcheur qui souffle sur la BD jeunesse. Et ça fait sacrément du bien.
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