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ne ville dessinée dans un noir et blanc déprimé, des habitants qui s’y promènent emmitouflés - il ne fait manifestement pas chaud -, et parmi eux, Maëlle, qui vient tenir le comptoir dans un troquet tout ce qu’il y a de plus lambda. Elle est trentenaire, vit seule, et son existence commence déjà à avoir des relents de train-train. Encore plus engagé dans la spirale de la monotonie, il y a Olivier, même tranche d’âge, un rien taciturne, qui, régulièrement, passe en soirée boire un demi (ou plus) dans ce lieu où chacun semble voué à s’abandonner à ses pensées en solitaire. Un soir, alors que le client et la tenancière sont pour ainsi dire seuls dans le bistro, elle engage la conversation. Quelques jours après, un soupçon de flirt débute, mais comme rien n’est jamais simple…
Le dessin d’Alexis Horellou (Lys et ses cadavres exquis) est sombre, pas si éloigné que cela de celui de Pascal Rabaté sur Un temps de Toussaint ou encore Ibicus, avec des noirs appuyés et un trait plus présent. Si l’histoire est loin d’être emplie de gaité, elle n’en est pas moins portée par l’espoir, celui de la jeune femme qui semble s’accrocher à cette possibilité d’une relation un peu plus profonde, un peu plus vraie, mais aussi un peu plus difficile que celles vantées par toute personne libérée digne de ce nom. Le chemin n’est donc pas des plus simples et ne garantit en rien une fin plus heureuse que celle qui met un terme à une passade, d’autant plus que les enjeux sont, de fait, plus importants. C’est tout du moins le cas pour Maëlle, qui se cramponne, alors qu’Olivier semble s’engager plus ou moins à reculons, voire même devient fuyant dès que la pression - toute relative - de la gente demoiselle se fait trop ressentir. Compliqué tout ça, d’autant que…
Si cet album est composé pour l'essentiel de séquences silencieuses et contemplatives, les auteurs auraient peut-être pu davantage user encore de ce procédé, afin de laisser le lecteur véritablement sans ligne guide dans cette lecture. Delphine Le Lay, la scénariste, a bâti son récit comme elle aurait pu écrire un polar, en deux parties qui convergent vers la fin pour en délivrer la chute ; le choix de celle qui tire les ficelles. Dans un premier temps, elle suit Maëlle dans la foi qui anime ses espérances, puis, alors que tout semble s’embrouiller, elle opère un retour à la case départ et se place alors dans les errances mentales d’Olivier. Ainsi, à travers ce croisement des vues, les micro-événements autour desquels les deux jeunes gens construisent et déconstruisent leur relation prennent sens dans toute leur complexité ; sans pour autant jamais livrer autre chose que des incertitudes quant à son issue.
Une histoire mélancolique, portée par un graphisme qui ne l’est pas moins, entre deux êtres dont le parcours n’a sans doute pas été follement joyeux jusqu’alors. Que leur réserve l’avenir ? Comme dans la vraie vie, rien n'est jamais certain.
C'est toujours intéressant de voir le début d'une romance dans la vie ordinaire entre une serveuse de bar et un mystérieux client qui ne veut rien dire de son passé et qui s'invente une vie. Les taiseux ont souvent la côte auprès de la gente féminine.
Pour le reste, le graphisme est assez déprimant entre ce noir et blanc assez sombre et dont les contours sont flous. La monotonie guette vite dès les premières pages avec des cases contemplatives et l'absence de dialogue. Cependant, on va vite s'attacher à Maëlle serveuse de bar à la recherche d'un homme entre deux quintes de bière.
J'ai bien aimé la fin de ce récit qui nous livre le point de vue d'Olivier qu'on arrive à comprendre car l'éclairage sera fait de façon assez magistrale.