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n apparence, leur séjour sur une île aux allures de paradis pour touristes devait leur permettre de se réconcilier. Après le traumatisme qu’ils ont vécu, leur couple est on ne peut plus fragilisé et un nouveau départ est plus que nécessaire. Mais les apparences peuvent être trompeuses : le paradis a sa face cachée et les attentions témoignées par celui ou celle qu’on croyait si bien connaître cèdent la place à des intentions plus radicales…
En un volume Masasumi Kakizaki s’ingénie à jouer avec les masques que portent ses personnages, plongés dans un récit horrifique, et l'auteur ne prend guère de gants avec eux. En les enlevant et les repositionnant pour exposer leurs différentes facettes, à intervalles plus ou moins réguliers, il sème le trouble sur leurs motivations, chacun à tour de rôle devenant la victime puis le bourreau. Au fur et à mesure des flashbacks, leur personnalité s’éclaire d’un jour nouveau à défaut d’être positif et montre, une fois encore, que la monstruosité n’est pas seulement liée à l’apparence physique.
L’univers graphique que l’auteur a composé avec son équipe marie précision du trait, obscurité et maelström de l’action pour créer quelques faux-semblants dans certaines scènes et ainsi mieux faire rebondir certaines situations a priori définitives en même temps que certains personnages supposés en fâcheuses postures.
Bien qu’assez classique (pour la faculté des protagonistes à choisir les chemins sans issue, dans sa conclusion), Hideout se révèle habilement construit et dosé en effets, égrainés au fil des flashbacks, de la progression physique des personnages et de leur déchéance psychologique. Suffisamment gore et un rien pervers pour satisfaire quelques penchants voyeuristes, il réussit à installer une montée graduelle de la folie qui s'empare d'eux. Avec L’île de Hôzuki, Le berceau des esprits et ce one-shot créé par l’auteur de Rainbow, Ki-oon s’installe un peu plus dans le paysage du manga qui fait tourner et couler le sang.
L'histoire démarre fort, les pages se tournent à une vitesse effrenée , au rythme de l'action omniprésente, mais le récit se termine aussi brusquement qu'il a commencé, si bien qu'il donne l'impression de baclé l'évolution du personnage qui s'est faite très rapidement sur les derniers instants. La trame de fond apporte de la consistence à cette dérive vers la folie, une grande tristesse et de l'empathie envers le protagoniste dont l'environnement familiale est un véritable désastre. C'est très agréable à suivre grâce à un système de "flashback" et ça amène presque un vent de fraicheur malgrè les malheurs, tant le périple du présent est claustrophobique, anxiogène, perturbant, sordide .
L'auteur évoque une admiration pour Stephen King, pour ma part j'y remarque surtout une référence au film "La colline à des yeux" pour le côté malsain et répugnant . Tout n'est pas montré , et cela apporte peut-être encore plus de terreur, l'imagination ayant fait le reste ... Le dessin est également une grande force de ce titre, très sombre et détaillé, avec des pleines pages exceptionnelles donnant lieu à des temps de pause nécessaires à la contemplation et au repos de l'esprit .
Résultat :
Un inquiétant récit horrifique, qui crée de la peur et du dégoût sans partir dans l'exagération fantastique . Tout commence par un drame familiale dans lequel l'homme de la maison fini par sombrer dans la folie . La suite n'est que question de bons ou mauvais choix .
C’est vrai que le sujet n’est pas très original. Cependant, je trouve qu’il a été assez bien réalisé. Le dessin est plus que correct. On entre tout de suite dans le récit pour ne jamais le quitter. C’est un manga qui a été franchement sous-estimé au regard des productions inutiles qui inondent le marché.
On se rend compte de la méchanceté de cette femme qui ne pense qu’à faire du shopping au point de laisser mourir un petit garçon sans défense puis d’accuser le père de négligence. Ce dernier aura des envies de meurtre et on pourrait même le comprendre. Cependant, cela va trop loin. On s’enfonce dans le macabre et le sordide. C’est une histoire bien glauque. La fin n’est pas très étonnante.
Au final, on passe un bon moment de lecture mais pas forcément de détente au vu des scènes d’horreur. Bref, il faut aimer le genre. Ne pas mettre dans toutes les mains surtout si vous avez envie de vous débarrasser de votre compagne !
Depuis mes premières lectures de Rainbow il y a plus de 6 ans, je suis un énorme fan du dessinateur Kakizaki. Il arrive à formidablement retranscrire physiquement la noirceur de l'âme... c'est juste grandiose.
Ce one shot raconte comment et pourquoi un homme en est arrivé à vouloir se débarrasser de sa femme.
Une histoire juste horrible, ignoble, qui glace le sang, et magnifiquement dessinée. La beauté au service de la noirceur.
Bref, j'ai lu un truc du genre "Âmes sensibles... s'abstenir".