Un Enchantement est le sixième rendez-vous que le Musée du Louvre a donné à la bande-dessinée. Après Nicolas De Crécy, Marc-Antoine Mathieu, Eric Liberge, Yslaire et Hirohiko Araki, c'est au tour de Christian Durieux (Les gens honnêtes) d'organiser sa petite visite personnelle du plus grand musée du monde. L'idée de départ est séduisante : « offrir » à un auteur le Louvre comme écrin et lui laisser toute liberté pour créer un récit. Évidemment, suivant le cas, se frotter aux plus grands chefs-d’œuvre de l'histoire de l'art se révèle être une tâche plus facile à imaginer qu'à poser sur le papier.
Une réception privée en l'honneur d'un vieux chef politique a été organisée dans les salons du musée. Ce dernier, se sachant au crépuscule de sa vie, n'a guère de goût pour ces mondanités. Alors que les préparations battent leur plein, il se balade au hasard dans les immenses salles désertes. À ses côtés, une jeune femme mystérieuse lui sert de guide.
Christian Durieux a choisi un scénario d'atmosphère, poétique selon ses dires. Malheureusement, ni son héros, une espèce de François Mitterrand – grand architecte du lieu en son temps -, ni sa muse du moment n'arrivent vraiment à transcender les œuvres qu'ils passent en revue. Certes, le lecteur sourit aux quelques tours, à peine pendables, que cet improbable duo joue au service de sécurité, par contre, le reste de leur escapade semble bien pâle face aux toiles qu'ils caressent des yeux. Plutôt que poétique, le ton demeure badin, à peine teinté de nostalgie. L'auteur n'arrive pas à s'imposer face aux peintures. Résultat, la lecture s'enlise, planche après planche, dans un ennui discret mais bien présent.
Le choix de l'approche feutrée face à la flamboyance suspendue aux cimaises n'est guère convaincant. Un Enchantement est à remiser dans les réserves de l'institution de la rue de Rivoli.
Je n'ai pas totalement été enchanté malgré le titre de cet ouvrage. Il s'agit en fait d'une déambulation nocturne dans le plus grand et plus beau musée du monde à savoir celui du Louvre.
Cela concerne un homme issu de la haute société et qui a décidé de tirer sa révérence car il est fatigué. Il va croiser une belle inconnue qui va lui faire oublier son côté sérieux dans un jeu à la cache-cache. Petit à petit, on se laisse prendre au jeu des évocations par les tableaux qui nous entourent car le musée devient un véritable personnage à part entière. L'exercice de style semble réussi dans le genre errance pour rêvasser.
Pour autant, je n'ai pas été convaincu par le fait de ce politique fuyant les mondanités en trouvant les voies de la poésie. Cela ne peut exister.
L'absence de dialogue fait qu'on parcourt assez vite le Louvre. Les passionnés d'art et de musée pourront vraisemblablement y trouver leur bonheur.