S
tockholm, 1967. Un carnage vient de se dérouler dans un bus de la ligne 47. Neuf personnes, dont un inspecteur de la police criminelle, Äke Stenström, sont retrouvées criblées de balles. Malgré le peu d'indice, le commissaire Martin Beck n'arrive pas à croire à un acte isolé d'un individu dérangé. De plus, que faisait donc Senström dans cet autobus, si loin de chez lui ?
Roger Seiter (Special Branch, Fog) adapte le quatrième roman retraçant les enquêtes de Martin Beck des écrivains suédois Maj Sjöwall et Per Wahlöö. Cet ouvrage, considéré comme un des sommets de la série, a reçu de nombreux prix lors de sa parution en 1968, et a également été adapté, tant pour le petit que pour le grand écran.
Le scénariste a très bien réussi à transposer le cœur de l'intrigue. Celle-ci, particulièrement bien construite est passionnante à suivre. Le travail des policiers, fait de suppositions et de tâtonnements, est méticuleusement reconstitué. En revanche, Seiter a évincé une bonne part du contexte social du récit. C'est un peu dommage, comme c'est souvent le cas dans les polars, l’œuvre originale se voulait également une peinture critique de son époque. De plus, les relations, familiales et professionnelles, des membres de l'escouade restent trop embryonnaires pour vraiment peser sur la narration. Manque de place ou volonté de rester concentré sur l'essentiel ? Toujours est-il que le ton est un peu sec par moment. Heureusement pour le lecteur, la qualité intrinsèque de la trame réussit à elle seule à porter la bande-dessinée.
Pour un premier album, Martin Viot s'en tire de manière convenable. Évidemment, il y a, ici ou là, quelques petites imperfections témoignant d'un style pas encore complètement posé. Les personnages, par exemple, sont trop ressemblants, car un peu tous calqués sur un même modèle. Par contre, l'ensemble de ses pages sont d'une très grande homogénéité. L'atmosphère urbaine et l'espèce de grisaille du quotidien dans lesquels les différents protagonistes interagissent est parfaitement rendue, et cela, du début à la fin.
Adaptation soignée, Le policier qui rit trouve tout à fait sa place dans la collection Rivages/Casterman/Noir.
Sjowall et Wahloo sont les précurseurs du roman policier scandinave. Ils ont écrit de 1965 à 1975 10 romans mettant en scène l’enquêteur Martin Beck et son équipe.
Cette adaptation BD nous offre donc l’occasion de découvrir (ou pas) une enquête pas ordinaire, lente et complexe menée par une équipe de policiers ordinaires mais obstinés. L’atmosphère sombre est bien rendue par les couleurs d’hiver suédois et le dessin assez réaliste rend attachants ces personnages. Une adaptation réussie donc et un bon moyen de revenir aux sources du désormais célèbre modèle de « thriller venu du froid ».