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ktavius Pikkendorff vient se mettre au service du Grand Duc August III. Venant d’une famille n’ayant plus les moyens d’entretenir toute la fratrie, il n’a d’autre choix, n’étant pas l’ainé, que de se proposer à autrui. Lorsque le souverain lui demande où il aimerait être affecté, il répond, le plus naturellement du monde, le plus à l’Est, le plus loin de la civilisation. C’est ainsi qu’il se retrouve nommé chef d’escadron à Ragen, dernière ville marquant la présence du royaume. Au-delà, rien. La vie semble s’y être arrêtée. L’endroit parfait pour répondre à l’appel de son imagination, ou de ses rêves. Fuyant la torpeur de sa civilisation, de ses intrigues pathétiques de palais, il semble se réfugier ici pour trouver autre chose. S’il se sent attiré par l’inconnu, il n’en est pas pour autant sûr de son existence. Mais qu’importe, il va tenter de réveiller la vieille ville engourdie en lui inventant un ailleurs, en repoussant, modestement, les limites du royaume. Il lui donne ainsi une nouvelle raison de se développer. Et celle-ci, à l’instar du cornette Vitold Mickiewicz, répondra à cet appel. Cet ailleurs prendra peu à peu forme, tout d’abord dans l’imaginaire des gens de la ville, puis finira peut-être par devenir réel...
Après l’excellente trilogie des Sept Cavaliers, nous retrouvons de nouveau le couple Jacques Terpant / Jean Raspail, pour une nouvelle adaptation d’un roman de ce dernier. Parlons plutôt de ré-interprétation, tant il est évident que Jacques Terpant a rencontré son sujet et se l’approprie sans tomber dans la simple illustration. De nouveau, comme dans la trilogie des Sept Cavaliers, il nous livre une histoire au son particulier. Car tout, ici, est affaire d’atmosphère, de rythme. Les scènes de paysages sous-tendent le récit et raviront les amateurs, tant l’auteur nous montre, une fois encore, sa grande maîtrise de la lumière. Quant à l’histoire, ce n’est pas tant le destin d’Oktavius qui nous tient en haleine, que ce qui se cache derrière cette mystérieuse frontière. Derrière le portrait d’un Pikkendorff se dresse celui d’une société lassée d’elle-même, où l’intérêt se déplace alors vers cet inconnu qui attire tous les insatisfaits.
« Je suis d’abord mes propres pas. » Telle est la devise des Pikkendorff. Oktavius y fait honneur, et s’invente un chemin vers un ailleurs. Les fidèles de Terpant n’hésiteront pas. Quant aux autres, s’ils cèdent eux aussi facilement à l’imagination des lointains, cet album est fait pour eux.
J'ai été plutôt agréablement surpris par la tournure de ce récit qui s'inscrit dans une certaine réalité historique. Il faut dire que j'avais un peu peur au vu du classicisme du dessin. Les personnages me semblaient un peu figés. Cependant, c'est plutôt assez soignés si l'on y regarde de près. Même les scènes de paysages se révèlent d'une grande beauté.
A la fin de la lecture de ce premier tome, le mystère reste entier sur la fameuse frontière dans un pays qui semble imaginaire mais qui se situe au nord de l'Europe et aux abords de la Russie. Il y a comme une douce atmosphère que je n'avais jamais ressenti par ailleurs. Cela confère à l'imaginaire comme si on vivait à la bordure d'un monde qui reste inconnu.
Au final, l'auteur nous offre là quelque chose d'unique avec la création de ce monde. A découvrir en espérant ne pas être déçu par la suite.
La lecture du second tome m'a un peu déçu. Il ne se passe pas grand chose alors qu'on espérait que la relève allait nous faire découvrir qui était le mystérieux petit homme à la lance. Hendrick ne fera pas mieux que son père. La qualité graphique sera à nouveau au rendez-vous avec des couleurs qui restituent à merveille la beauté des paysages. Pour le reste, il faudra attendre la fin de cette trilogie.
Belle et dramatique histoire autour de la frontière de ce mystérieux Royaume de Borée.
Beaux dessins.
Magnifique héros.
Je préfère ce cycle 2 au 1er cycle.
Avec Le royaume de Borée, Terpant entame donc un nouveau cycle qui va nous présenter la famille Pikkendorf en commençant par Oktavius, un jeune homme de 26 ans qui va donc connaitre son destin à la frontière du pays. Alors que le cycle précédent m'a vraiment laissé sur ma faim, Jacques Terpant nous entraîne ici dans un récit vivant, haletant, surprenant, riche en rebondissements, où l'ambiance nous enveloppe pour ne pas nous lâcher jusqu'à la dernière page.
Ici, le lecteur sera donc intrigué par cette frontière et cet étrange individu qu'apercevra le cornette. Qui est il ? D'où vient il? Les réponses seront, je l'espère, dévoilées dans les tomes suivants. En attendant, Terpant s'attarde sur les caractères d'Oktavius, du cornette et nous montre une nouvelle fois la cupidité et la bêtise de certains puissants.
Jacques Terpant met en images un véritable comte pour adulte, tiré de la magistrale oeuvre de Jean Raspail. Les paysages et les couleurs associées, sont un régal pour les yeux et les dialogues un délice pour l'esprit. Le petit homme couleur d'écorce, le grand duché de Valduza aux confins de l'Europe, le souverain héréditaire August III, une charge héroïque et solitaire face à une armée russe médusée, voilà quelques inhabituels et délicieux ingrédients de cette superbe BD dont la suite est attendue avec beaucoup d'impatience.
Voici une très jolie BD : les dessins sont très soignés et l'histoire se met en place doucement... peut-être trop doucement diront certains, mais cela laisse le temps de se plonger dans cette région perdue du bout du monde et ou le temps semble presque s'arrêter.
Une BD qui se relie simplement pour la qualité des planches.