G
alia et Leonid vivent de manière rustique, dans les champs, non loin de Pripriat où a emménagé leur fille, Anna. C’est avec Vladimir, jeune homme brillant, qui travaille à la centrale nucléaire de Tchernobyl, que cette dernière a fait sa vie. En ce début d’année 1986, ils ont un enfant et attendent le second. Le 26 avril, ce qui est annoncé comme un incident survient à la centrale. Les autorités se veulent rassurantes, mais Vladimir ne rentre pas. Le 14 mai, l’URSS, par la voix de son président Michaël Gorbatchev, reconnait officiellement qu’il s’agit d’une catastrophe.
Une famille qu’emporte sans prévenir le premier choc nucléaire civil, une fiction crédible pour éclairer la Grande Histoire. La trajectoire de ces deux couples, de deux générations différentes, fonctionne d'autant mieux qu'il est facile de s’y identifier : une existence paisible fracassée par l’inimaginable. Si l’après-accident vécu par Anna se dessine de manière assez convenue dans une veine dramatique - les auteurs la suivent dans son hébétude post-traumatique et en profitent pour évoquer la gestion de la crise par le pouvoir, absurde et inhumaine par essence -, la décision de ses parents de refuser l’exil pour revenir s’installer dans la zone contaminée, tout aussi anecdotique qu’humaine, interroge le lecteur. Bien évidement, aucune réponse ne sera livrée, charge à chacun de se mettre en perspective dans ce domaine où la théorie est plus facile que la pratique.
Fruit de deux auteurs espagnols, Tchernobyl - la zone permet de découvrir le dessin de Natacha Bustos (son blog) dont le trait souple n’est pas sans faire penser à celui du talentueux Frederik Peeters. Ensemble, ils ont fait le choix d’un juste équilibre entre destins individuels et collectifs. Dans le cas présent, cela génère une certaine frustration : si l’essentiel chronologique y est mis en images avec une sobriété qui sied bien à la volonté des auteurs de ne pas en faire de trop, de ne pas donner dans le sensationnel, le propos reste assez scolaire. Il n’est pas illégitime aujourd’hui, avec le recul, d’en attendre un peu plus sur le sujet. Le Tchernobyl mon amour de Chantal Montellier, bien plus barré en apparence, va par exemple bien plus loin dans les questions qu’il pose.
Aujourd'hui, alors que le maintien d’une politique énergétique dépendante du nucléaire est au centre de bien des discussions, la lecture de cet album est à conseiller à ceux qui méconnaissent ce drame de notre ère moderne, et à ceux, plus jeunes, pour lesquels Fukushima fut une révélation. Entre les deux accidents, tout juste vingt-cinq ans ont passé.
C'est un émouvant témoignage bien documenté sur la catastrophe de Tchernobyl que nous avons là. J'ai peu lu sur le sujet notamment sur le support de la bande dessinée. Cette bd documentaire a le mérite de nous rappeler ce qui s'est passé en 1986.
Je déplore totalement le manque de sincérité de la part des autorités russes. La crise aurait pu être gérée autrement. On ne voulait sans doute pas gérer une panique à l'échelle mondiale ce que je peux comprendre. Cependant, j'ai été particulièrement choqué d'apprendre que les autorités russes ont dit aux enfants en partance qu'ils reverraient bientôt leurs animaux de compagnie. Le récit vous montrera ce qu'il advient d'eux en réalité...
J'ai aimé ces deux histoires d'une même famille en 3 parties qui se rejoignent dans un ultime lien à la fin. Il y a peu de mots mais des images qui transmettent suffisamment d'émotion sans tomber dans le pathos. Ce poids du silence est bien lourd de sens.
J'ai bien aimé voir la carte mondiale des réacteurs dans le monde. On y voyait que le Japon est le troisième pays à posséder le plus de réacteurs. La catastrophe récente de Fukushima est là pour nous rappeler que le pire est sans doute pour demain. Rappelons que la France est le second pays au monde avec 58 réacteurs. Cela laisse à réfléchir sans nécessairement prendre une position hâtive ou binaire. La réalité est quelques fois plus complexe.