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llemagne, 1945. Le commando de G.I. qui pénètre dans le village de Peenemünde afin d’y récupérer les créateurs de la fusée V2 ne se doute pas qu’au Royaume Uni, John Dashwood a donné l’ordre de bombarder la zone. Le jeune officier de l'armée britannique a non seulement convaincu Churchill et son état-major de doubler les Russes et les Américains, mais crée également un ministère de l’Espace afin que l'Angleterre puisse surpasser tous ses concurrents dans la course aux étoiles. Mais à quel prix ?
Si, à l’occasion du premier tome de la série Jour J, Jean-Pierre Pécau, Fred Duval et Fred Blanchard plantaient le drapeau russe sur l'unique satellite naturel de la Terre, Warren Ellis les avait déjà précédés en 2001 en faisant flotter l’Union Jack sur la Lune. Initialement publié en 2005 sous le nom de Ministère de l’Espace chez Semic, cette mini-série en trois volets, construite sur la base du concept «What if ?», bien connu des lecteurs de comics, propose donc également une revisite de la conquête spatiale.
« Et si ? » les Anglais s’étaient emparés des savants nazi qui se trouvaient à Peenemünde et avaient réussi à poser le premier pas sur la Lune, au nez et à la barbe des Russes et des Américains… c’est l’histoire alternative à la notre qu’imagine Warren Ellis. Au-delà de l’épopée de la conquête de l'espace - que l’auteur survole finalement assez vite - c’est surtout la destinée de John Dashwood, un homme ambitieux au projet complètement fou, qui est mis en avant dans cette uchronie. De nombreux flash-backs permettent de découvrir l’origine et les aboutissement du programme spatial britannique entre 1945 et 2001, à travers le regard de ce général de la Royal Air Force qui a rendu possible l’hégémonie du Royaume-Uni au-delà de l’atmosphère.
La vérité sur le financement obscur d’une telle opération sert de fil rouge au récit et permet d’ajouter un soupçon de suspense à une histoire relativement simple, qui aurait sans doute méritée un développement plus approfondi. Ces dessous moins glorieux, cet irrésistible besoin de ridiculiser les américains et cette dernière case percutante qui offre une toute autre vision au récit et permet de relativiser les exploits technologiques, caractérisent bien le travail de Warren Ellis. Les fans de ce maître du politiquement incorrect au regard très cynique savent qu’il n’hésite jamais à jalonner ses récits de controverses. Le dessin réaliste et minutieux de Chris Weston (The Twelve) permet de donner vie à cette réalité alternative et s’avère particulièrement efficace au niveau du design des différents engins volants.
Une uchronie très plaisante qui ne manquera pas de ravir les amateurs de SF et de conquête spatiale.
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