U
n petit creux peut-être ? Ça tombe bien ! Alain Passard, chef triplement étoilé du prestigieux restaurant l’Arpège, est à l’œuvre pour préparer quelques plats dont le simple énoncé ferait saliver les moins gourmets. Des « Petits pois et pamplemousse rose aux amandes fraîches » au « Carpaccio de langoustines », en passant par sa désormais célèbre « Tarte aux pommes Bouquet de Roses », le maître des lieux découpe, décortique, hache, cisèle, mélange, fait mijoter... Chaque geste, d’une précision remarquable, est effectué sous l’œil avisé de Christophe Blain qui relate, sous forme de carnet de bord, son expérience passée dans un grand lieu de la gastronomie française.
Opportuniste, Christophe Blain ? À regarder quelques instants le programme télé de ses dernières années et le boom des émissions culinaires, notamment sur la « petite chaîne qui monte », il serait très facile de le penser. Ainsi, c’est un peu comme l’auteur d’ Isaac le Pirate devant la devanture de l’Arpège que le lecteur entame l’ouvrage, excité à l’idée de retrouver un artiste renommé, mais plutôt méfiant devant le contenu qui lui est proposé. Les quelques réserves s’effacent dès l’apparition d’Alain Passard qui impose très rapidement son aura et son charisme.
Après le succès de Quai d’Orsay, sous fond de diplomatie et de coulisses ministérielles, c’est dans un tout autre domaine que Christophe Blain a choisi sa nouvelle victime, même si les deux personnages croqués par l’auteur ont de nombreux points communs. La passion de leur métier est, sans aucun doute, l’un d’entre eux. Artiste avant d’être cuisinier, « le chef des légumes » fascine tant il semble être habité par le démon des fourneaux. Parfois verbeux (mais comment ne pas l’être quand l’homme se lance dans des tirades interminables en vantant tel ou tel produit), l’album parvient à transmettre un enthousiasme terriblement communicatif. Enfermer Alain Passard dans un gaufrier bien ordonné ? Certainement pas. Blain lui offre une totale liberté, le laissant évoluer à sa guise, le long de planches dénuées de cases, grâce à un trait totalement lâché. Entre exaltation et bouillonnement perpétuel, les seuls instants d’accalmie, que l’auteur affectionne, sonnent sous le coup de 16 heures, une fois les derniers clients partis. Là, autour d’un verre et de quelques mets préparés sur le pouce, les deux hommes se livrent à quelques confidences tels deux vieux potes qui ne se seraient pas vus depuis fort longtemps.
Une visite dans les deux jardins d’Alain Passard, dans l’Eure et dans la Sarthe, une poignée de recettes parsemées au fil des pages, quelques indiscrétions glanées auprès de ses proches complètent la rencontre et permettent de sortir du cadre trop strict de la simple interview. Le livre refermé, deux sentiments émergent : la confirmation, si besoin était, que Christophe Blain a un sacré talent, et la subite envie de se rendre immédiatement au 84, rue de Varenne, à Paris, pour mettre fin au supplice d’un estomac totalement en manque, à condition, bien entendu, que ce ne soit pas le porte-monnaie qui crie famine.
Nous avons une bd plutôt originale qui est une sorte de documentaire sur un grand chef cuisinier à savoir Alain Passard. Pour dire la vérité, je ne le connaissais absolument pas, même de nom ou de réputation. Il est vrai que je n’ai jamais pu me payer des restaurants de grande gastronomie. La cuisine est tout un art qui nous est décortiqué par Christophe Blain qui a suivi le chef 3 étoiles durant deux ans. Une bonne idée également pour déguster gratos tout en nous livrant un reportage intéressant. Et puis, c’est dans l’air du temps avec toutes ces émissions culinaires qui fleurissent sur le petit écran. La bd n’est pas en reste actuellement.
C’est un portrait tout à fait intéressant qui nous est livré. C’est un chef qui aime bien commander ses troupes et également innover. Il faut dire qu’à 26 ans, c’était le plus jeune chef récompensé par deux étoiles. Plus tard, il a racheté son restaurant « L’Arpège » à son ancien maître et obtenu sa troisième étoile. Son dada, ce sont les légumes qui proviennent de ses 3 potagers au point d’abandonner la viande rouge dans ses menus. Il nous livre également 14 recettes inédites. C’est une véritable chronique gastronomique qui nous met l’eau à la bouche. Une telle démarche avait déjà été initiée par Taniguchi dans certains de ses mangas.
Il y a véritablement de la passion chez ce grand cuisinier atypique. On est emporté quelques fois dans des tirades lyriques pour gourmets. C’est une véritable mise en image d’émotions gustatives. Il en fait trop par moment pour vanter les qualités de tel ou tel produit. C’est amusant par moment. On recueille également les confidences des proches. Bref, c’est plutôt bien réalisé.
Le pire, c’est qu’après une telle lecture, cela donne faim !
C'est typiquement le genre de Bd qui m'insupporte. Même si on sent bien à travers les notes et les croquis de Blain toute la passion qui anime Alain Passard, tout ça est terriblement snob, à la fois ridicule et désuet. Payer si cher un album pour voir pendant plus de la moitié des pages un mec en train de découper des légumes ... waouh ! Fallait oser !
Blain a du sûrement se régaler (dans tous les sens du terme) à l'élaboration de cet album (on sent bien son enthousiasme) mais le résultat final n'a que très peu d'intérêt pour le lecteur que je suis. Dommage, car les dessins sont comme d'habitude amusants et très expressifs (les émotions des personnages sont toujours super bien rendues et j'adore les tronches que Blain donne à certains d'entre eux suivant les situations).