A
vec un indéniable sens du buzz et un enthousiasme revigorant, l'éditeur Manolosanctis a su en deux ans s'imposer comme un dénicheur de talents potentiels et a permis à de jeunes – au moins dans leur art - auteurs de publier leur premier album. Certains ont affirmé un style qui les classent indiscutablement dans la colonne des débutants à suivre. Par ailleurs, l'avenir dira si l'effet tremplin a joué, y compris lorsque certains livres ont donné le sentiment d'être sortis un peu tôt, « démoulés un peu trop chauds » pour oser une métaphore appartenant plus au langage de la cuisine que de l'édition. Pas inintéressants, loin s'en faut, mais qui auraient probablement gagné à disposer d'une maturation plus longue. On dira que c'est le lot des « premières œuvres » et que la caractéristique concourt à leur charme. Soit, mais...
Branleur(s). Comme vous y allez ! Ah, oui, parlons uniquement de BD. L'album des frères Fradet se lit sans déplaisir, le découpage est efficace, le jeu des scènes sans dialogues, pertinent, pourtant l'ensemble est bien trop lisse. D'aucuns seront tentés de louer l'aspect « instantané sociologique d'une époque » parce qu'il met en scène de grands ados avec leurs caractéristiques : souvent incapables d'exprimer ce qu'ils ont en tête, mal à l'aise avec le sexe opposé qu'ils connaissent mal (si tant est qu'on puisse prétendre le connaître un jour), devant composer avec la séparation des parents et les journées sans relief passées au lycée, prompts à s'engager dans des plans foireux, empotés lorsque le charme de la copine de leur meilleur pote devient troublant. Le portrait n'est pas mal vu, la description assez juste, l'ambiance ni glauque ni hilarante non plus. À ranger dans la catégorie du « bien observé » plus que dans celle des chroniques mémorables, soit parce qu'elles vous ont fait rire aux éclats par leur sens de la dérision, soit touché par leur justesse ou encore révolté par le fond de leur discours.
L'histoire de Laurent et Alan est bien exécutée, en particulier graphiquement, mais il manque ce petit quelque chose pour en recommander la lecture ou la clouer au pilori. La comparaison, inévitable, avec les jeunes de Riad Sattouf notamment, sur papier (Jérémie et les autres) ou sur grand écran (Les beaux gosses), ne joue pas en faveur de Branleur(s). Une fois encore, la conclusion tombe avec une légère frustration : à revoir dans un prochain album.
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Cette bd n'apporte rien qu'une vision de jeunes branleurs dans notre société d'aujourd'hui. Comme s'il n'y en avait déjà pas assez autour de nous ! Bon, l'approche se veut sociologique avec des questions existentielles comme l'incapacité de cette génération à bien communiquer notamment avec le sexe opposé. Le portrait est assez bien brossé mais pas assez profond.
Le dessin de cette comédie urbaine est assez sympa mais comme dit, la mise en scène est assez basique. On arrive pas à vibrer avec le personnage central. C'est une tranche de vie où il manque incontestablement quelque chose pour faire la différence. Bref, cela ne sera pas une chronique immémorable !