C
hevauchant son VTT, Jérémy sort du village pour entrer dans la forêt. Son objectif : vendre ses vingt tickets de tombola aux occupants d'un manoir isolé. Il n'en reviendra pas.
Attention, danger ! Ceux qui ne sont pas adeptes transis du dessin estampillé « manga pour jeunes », de l'humour potache un tout p'tit peu débile et des références aux classiques du cinéma d'horreur, risquent pourtant bien de succomber. Et il n'est pas besoin d'aimer les trois genres pour prendre du plaisir tant Stan Silas manie l'ensemble avec la dextérité d'un lanceur de couteaux. En la matière, il vaut mieux se trouver du bon côté du manche, sous peine de périr dans un bain bouillonnant de sang.
Le coupable, bien vite connu, c'est Norman. Comme Norman Bates qui habitait à peu près le même type de bicoque, ici la dernière maison sur la gauche, que le gamin vêtu d'un pull tout droit sorti de la garde-robe de Freddy, affublé d'un masque inspiré de Michael Myers. Malgré d'autres clins d'œil savoureux, l'album n'est surtout pas à réserver aux dévoreurs de pellicules horrifiques. C'est indiscutablement gore par instants, mais sur un mode rigolo. Avec sa galerie de personnages kawaii, Silas s'amuse de manière communicative à enfiler les gags – au moins un par page – tout en définissant, leurs caractères progressivement, sans qu'ils en ressortent grandis (la plupart sont, il est vrai, courts sur pattes). Les incontournables sont au rendez-vous (la petite peste blonde chef de bande, la fillette pauvre rejetée, la suiveuse, le gosse abandonné par ses parents, etc.) mais le trait est poussé très loin dans l'excès pour tutoyer la méchanceté, celle qui fait rire en s'abstenant d'être malsaine.
Mention spéciale pour la prof, plus immature et excessive, moins responsable encore que toute sa bande d'élèves de huit ans réunie, qui se torche au troquet du coin le soir venu et que la vocation dont se targuent certains enseignants n'a jamais dû effleurer. Ce qui n'est pas le cas du père d'une des gosses, Herbert, franchement à l'ouest lorsqu'il exerce ses talents dans son labo clandestin... Mais inutile d'en dire plus : La vie de Norman se déguste comme un lait fraise (comment ça, le rouge, c'est pas d'la fraise ?) en se gondolant gentiment, même si la dernière partie si situe un ton en-dessous. « C'est pour enfants de quel âge ? ». Éteignez la lumière, mettez Bernard Hermann en fond, et je réponds à votre question...
Le blog de l'auteur avec, en bonus, La vie de Norman The beginning : http://www.stan-silas.fr/
Enorme le début d'une série grandiose un humour noir bien maitrisé un coup de crayon au style manga et Stan et un mec hyper sympa donc que du bonheur