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Le frisson

28/02/2011 6325 visiteurs 4.0/10 (1 note)

C omté de Clare, Irlande, été 1967. Sur une falaise, Arlana et Martin flirtent. Attendre le mariage, dit-elle... Le désir est trop grand, l'instant propice, la douceur de rigueur. Pourtant, le jeune homme s'interrompt, pétrifié. Une quarantaine d'années plus tard, à New York, dans un bar, un jeune branleur en quête de sexe succombe aux charmes d'une blonde... d'une brune... d'une rousse... Impossible d'obtenir d'établir un portrait-robot de celle avec laquelle il est sorti des lieux. Et l'enregistrement vidéo ne fait qu'ajouter à la confusion...

« Le frisson est le polar en BD le plus sombre, le plus sexe et le plus déjanté que j'ai eu l'occasion de lire » : Ed Brubaker (auteur de Criminal, Incognito – Delcourt). Le compliment est aguichant. Le choix du titre, Le frisson, pour inaugurer une nouvelle collection consacrée au thriller / polar relève de l'élémentaire logique. Et pourtant, c'est l'ennui qui règne sur le premier titre publié sous le label Dark night de Delcourt. Les ingrédients sont là : il y a bien le quota de morts violentes, la dose syndicale de nus et de copulations, quelques flics sur sur la brèche, un soupçon de provocation, mais l'ensemble reste plat dans cette histoire qui trouverait plus aisément sa place dans les Contes de la crypte et autres pulps du genre que dans les monuments du roman noir. Pourtant, à bien y regarder, il y a de quoi de faire : de quoi bailler devant le numéro d'allumeuse joué à répétition par la maudite fille fatale, de quoi somnoler devant un aperçu de kamasutra tiède (une paire de gros seins suffit-elle ?), de sourire aussi face au temps de retard systématique du limier en chef qui paie de sa personne tandis que les siens sont en fâcheuse posture.

Il y a aussi matière à grimacer devant la lourdeur de l'exposé de la malédiction exporté en terre américaine (style « je distille ma doc' sur les légendes par bribes »), devant les effets faciles (le rat), le langage « chargé » (l'étudiant) ou face à la charge anticléricale à deux balles – de tout petit calibre (le prêtre pédophile). Au moment de retracer les origines du sort fatal, il y a des risques que certains dorment à poings fermés et que la conclusion, aux accents de déjà-vu usé jusqu'à la corde, n'y change rien. Pour ses premiers pas en bande dessinée, Jason Starr n'y va pas avec le dos de la cuillère, sans pour autant atteindre son but. La faute à une carte « fantastique » trop facilement abattue, à un manque de finesse et à une dimension psychologique qui pointe aux abonnés absents alors qu'elle fait l'attrait du genre. Reste le dessin, honorable et efficace, de Mick Bertilorenzi qui s'accommode bien du noir et blanc, qui varie suffisamment les angles pour que certains ports de tête peu naturels soient relégués au rang de détails. Le bilan est maigre. Vite, Sale fric, le prochain Dark night signé Azzarello (100 bullets - Delcourt) pour éviter de rester sur cette fade mise en bouche qui est bien loin de faire frémir l'échine.

Par L. Cirade
Moyenne des chroniqueurs
4.0

Informations sur l'album

Le frisson

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Note: 2.6/5 (12 votes)

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 24/11/2020 à 14:22:56

    Un thriller un peu ésotérique qui avait bien commencé et qui se termine de façon assez conventionnelle. L'idée est quand même un peu bizarre : récupérer le frisson de l'acte sexuel pour se régénérer et augmenter sa durée de vie. On se croirait dans un jeu vidéo...

    On se servira pour cela des légendes celtiques et plus précisément de certaines pratiques des druides. Le cadre sera bien celui d'une ville de New-York où les rencontres fortuites peuvent se payer cher. Cette ambivalence de genre ne fonctionne pas toujours bien.

    Cela reste un polar de bonne facture qui manque néanmoins d'originalité et qui se déverse dans une surenchère d'hémoglobines gratuites (tête coupée, corps démembré...). Graphiquement, le travail est bien réalisé avec des personnages au regard expressif. Cet album est le premier d'une collection baptisée "Dark night" pour les amateurs de polar. A surveiller!

    meuillot Le 20/06/2013 à 16:22:40

    En lisant la préface de l'album, je suis enthousiaste de me lancer dans la lecture du "Frisson" complimenté en tout point par Ed Brubaker dont je suis un adepte.

    Force est de constater que je ne partage pas son émotion au final...

    2/5 : correct sans plus : c'est exactement mon ressenti face à ce one-shot.

    Le début commence plutôt pas mal avec une intro accrocheuse, un dessin pur sur un N&B qui rend bien. Mais au fur & à mesure que les pages défilent on sent une baisse de régime croissante tant au niveau du scénar que du dessin... Pour ainsi finir sur une fin sans surprise & qui en fait une œuvre assez banale...

    Ce qui est dommage c'est que tous les bons ingrédients étaient là mais ils sont posés tout de suite & il n y a plus aucun rebondissements pour la suite du récit. Si tout n'avait pas été "mis à plat" dès le départ, le 3/5 aurait été plus approprié mais ce n'est pas le cas...

    Malgré tout, je garde tout de même l'originalité, à la base, du scénario qui était sympa mais peut-être pas assez bien exploitée...

    DixSept Le 20/03/2011 à 20:15:57

    Une tueuse en série sévit sur New-York selon un rituel qui laisse perplexe le FBI et ce d’autant plus que les diverses descriptions de la criminelle ne concordent pas. Seul Martin Cleary, un vieil inspecteur irlandais, voit dans ces crimes l’œuvre d’une certaine Arlana.
    Ce premier opus de la toute nouvelle collection "Dark Night" de Delcourt pose clairement les choses : hémoglobine, paranormal, turpitudes de l’âme humaine … bref de quoi faire des polars bien noirs et bien serrés !
    Pour le "Frisson", le scénario de l’écrivain Jason Starr, sans être original en diable, est cependant solide et ce malgré une surenchère morbide (têtes décapitées, corps démenbrés…). Rites druidiques, comportements sexuels plus ou moins déviants, policier père et mari modèle, vieil inspecteur alcoolique et femmes à la plastique des plus troublantes constituent les ingrédients de base de cette histoire. Sur cette riche matière, Mick Bertilorenzi peut s’en donner à cœur joie notamment avec la gent féminine.
    Un thriller façon comics qui, sans être transcendant, constitue une bonne entrée en matière pour cette nouvelle collection.