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einz, peintre allemand, vit la Grande Guerre comme une fatalité, la mort de l’Art dès qu’il se met au service de l’État et de sa violence organisée. Féroces tropiques est le récit de sa vie, illustré par Joe G. Pinelli dans un style pictural qui invite à la contemplation. Il y a ainsi comme une opposition entre une existence trépidante et une façon quasi immobiliste d’en rendre compte, tel le peintre qui fige l’instant, même le plus fugace ou le plus empressé.
L’approche de Thierry Bellefroid, à la fois originale et cohérente, atteste d’une réflexion sur le médium et d’une mise en adéquation réfléchie du propos et du support. La maîtrise graphique de son comparse illustrateur assure d’ailleurs l’essentiel par la représentation inspirée et tourmentée d’une nature féroce, où la propre férocité de l’homme tend à s’exprimer. Cette démarche de spectateur, de distanciation par rapport aux événements, gagne toutefois sa force visuelle au détriment de l’efficacité narrative. De l’action, on n’en ressent guère les effets, et le rythme lent débouche sur une torpeur certaine en même temps que les réflexions et élucubrations de l’artiste, qui s’adresse plus à lui-même qu’à autrui, cessent de constituer une source d’intérêt pour un lecteur quelque peu perplexe, interloqué.
Une fois franchi le cap de la dernière page, le constat est amer : trop-plein de texte, dessin-peinture qui ploie sous sa propre puissance, lassitude face à un destin trop intériorisé et absence d’empathie pour ce personnage qui peine à faire partager ses tourments. L’entreprise était audacieuse, la réalisation est appliquée – un peu trop, peut-être. Le résultat, décevant.
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