A
mbiance. L’ambiance est carte maîtresse du diptyque qui réunit Eric Corbeyran et Christophe Bec, dix-huit ans après Dragan, déjà publié chez Soleil. Ici, point d’heroic fantasy mais plutôt un thriller fantastique.
Germain Maltret apprend le décès de sa mère, femme qu’il qualifie « d’éteinte », dont il ne s’est jamais senti proche et dont le peu d’affection à son égard lui a donné le goût de la solitude. Après des obsèques sobres, l’heure est aux formalités de succession. Pour héritage, il y a la maison que la défunte occupait et un manoir en ruine, propriété d’un aïeul, dont il ignorait l’existence. Maltret doit donc séjourner quelque temps dans une bourgade où la première personne qu’il a croisée est une bien étrange jeune femme. Étrange ? Comment ne pas employer les mêmes termes pour qualifier les événements qui s’y produisent depuis cette rencontre, ou décrire Victor Franek, l’homme à demi défiguré, qui semble en savoir long. Et que dire du sosie, du double de Germain qu’il a aperçu pour la première fois lors des funérailles et qui a murmuré à l’oreille de la brune Nelly…
L’histoire est aussi limpide que l’intrigue est trouble. Partageant ses réflexions en voix off, le lecteur est invité à suivre les découvertes du personnage principal qui, dans l’art liturgique, préfère les représentations du Diable et de ses sbires aux farandoles d’angelots et aux assemblées de figures divines. Quelques phénomènes qu’on classe traditionnellement dans la catégorie « inexpliqué » et un aperçu des agissements d’une femme aux motivations obscures complètent l’information du spectateur. Tout repose sur le climat installé par les deux auteurs. Le trait, réaliste et qui conserve ses accents photographiques originaux, de C. Bec, des dialogues prononcés par ces acteurs un rien rigides avec un flegme troublant, un environnement qu’on imagine baigné par le silence lorsque la tempête ne se déchaine pas, concourent à l’installer. À chacun de choisir s’il est prêt ou non à entrer dans le jeu et à s’imprégner du climax qui, hormis une séquence plus tapageuse et, d’une certaine manière, spectaculaire, recherche plus la tension psychologique que l’esbroufe. Par certains aspects, pointe le ressenti global de l’inachevé – pour l’heure – Strangehaven (Akileos) et de quelques efficaces bobines économes en effets.
Suffisamment intrigant, sans faire courir toutefois le risque de succomber à une fébrilité incontrôlable, Doppelgänger s’insinue dans une case de la mémoire qui invitera en temps voulu à ne pas oublier d’en découvrir la conclusion. La planche finale de ce premier volet remplit, de ce point de vue, efficacement son office. Joli hameçon.
C'est bien l'une des premières fois que le duo Corbeyran et Bec me déçoit autant. Ils ont pourtant beaucoup de talent. Cette histoire mystique paraît franchement mièvre. Il n'y a rien qui sort vraiment de l'ordinaire. Ce n'est pas avec un chat mort que les auteurs feront monter le suspense. Les personnages sont sans saveur et trop stéréotypés. Et cette histoire d'éruption volcanique dans le Massif Central achève totalement la crédibilité de l'ensemble.
On n'a pas franchement envie de découvrir la suite : c'est à ce point là ! Un raté dans les oeuvres de deux artistes qui n'ont plus rien à prouver... ou plutôt si : leur capacité à se renouveller et à étonner le public.
Premier volet d'une histoire où le «paranormal» prend, comme il se doit, une place croissante au fil des pages. Lecture agréable mais sans plus, Corbeyran et Bec connaissent leur métier et distillent leur effets avec savoir faire.
Les rendus photographiques de Bec lorgnent vers le cinéma mais réussissent mieux aux plans généraux et aux décors qu'aux expressions humaines parfois étrangement figées.
Bien que le scénario réserve son lot de «surprises», on ne peut pas dire pour autant que le genre risque d'être renouvelé.
Si le double est bel et bien maléfique, il est à craindre que le second volume ait les mêmes travers.
J'ai bien aimé ce premier tome.
L'histoire suit un rythme lent. Mr Corbeyran se "contente" de distiller doucement les éléments qui font monter l'intrigue et la tension. Seule la fin de l'album accélère le rythme avec une dernière page en rupture avec le reste de l'album et faisant regretter de ne pas avoir le deuxième tome sous la main.
Le dessin du sieur Bec, toujours dans ce style "photographique" que j'apprécie, contribue pleinement à la narration et sied parfaitement à ce style d'ambiance.
On pourra seulement reprocher une certaine froideur à l'ensemble illustrée par le sang froid dont les personnages font preuve devant les évènements.
Reproche bien mineur qui ne gâche pas l'envie de lire la suite. Du bon boulot.