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avid, 12 ans, est un sale gosse : non seulement, il n’en fout pas une à l’école, mais en plus, il se montre fort insolent à l’endroit de son professeur de musique, sorte de clone d’Hitler (c’est tout du moins la représentation qu’en donne le jeune narrateur !). Bref, rien n’est simple et l’existence est bien morne. Cela jusqu’à la révélation ! Un soir d’ennui, seul dans sa chambre et désœuvré, il est touché par la grâce, ou plutôt les beuglements qui proviennent de l’appartement du dessus : « Lobotomie, Hôpital… Lobotomie, Hôpital… » (ou « Lobotomie, amputé », pour le détail, lire le livre !). Sa vie s’en trouve transformée, un petit agité est lâché dans la nature !
Après deux albums (Je suis très déçue par ton attitude et Y-a que les fourmis qui bossent) dans lesquels il revisitait son art et sa vie par tranches, en noir et blanc, David Snug livre là une histoire complète en couleur. En route vers la rédemption ? Que nenni ! Le « MOI » délirant de l’intéressé est toujours au centre de toute chose, et, pour l’occasion, la musique n’est jamais bien loin. Il y a du Fred Neidhardt dans la manière de faire de David Snug : une sorte d’insolence toujours possible, un décalage assumé et un passé par essence tellement funky. C’est rythmé, avec un bon sens de la cassure qui, en effet comique, fonctionne souvent bien - c’est le cas ici. Il est parfaitement perceptible que l’auteur s’est amusé à faire son bouquin, et c’est communicatif. Pour peu que le graphisme façon « petit écolier » ne rebute pas, bien entendu. L’avantage de ce style, outre les visages « patates » agrémentés de sourires à la Templesmith, ce sont les raccourcis qu’ils permettent, les détails qu’ils contiennent. La limite est celle du propos : il n’est pas impossible que la génération qui ait vécu son adolescence dans les années 80 soit plus sensible au talent du sieur Snug que les autres, cela sera sans doute encore plus vrai en prenant le sous-ensemble qui s’est nourri au chant des Béruriers Noirs, mais sait-on jamais ?
J’aime pas la musique est un album à base de joies simples et partagées, mené tambour battant par des dialogues truculents et un dessin difforme et assumé comme tel ! Que demande le peuple ? « Lobotomie, Hôpital… Lobotomie, Hôpital… » !
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