E
ric possède un don, le shining, qui lui permet de sonder et révéler les âmes des individus qu’il côtoie. Cette plongée quasi permanente dans la psyché d’autrui n’est pas sans effet sur sa propre personnalité qui, peu à peu, s’estompe au profit des vies des autres.
Dans ce récit, datant de 2000, Lorenzo Bartoli propose une trame typée comic contemporain. Le ton général est sombre et le superpouvoir dont est affublé le héros, même s'il est utilisé pour le bien, est plus ressenti comme une malédiction qu’une aubaine. Chaque chapitre reprend à peu près une trame similaire : un Eric errant dans les bas-fond de la ville se retrouve, quasi forcé, à utiliser son pouvoir. Malgré la répétition du motif, certaines situations, comme la plongée fantastique dans le cerveau de Vincent Van Gogh via une de ses œuvres, sont assez originales et bien menées. Malheureusement, autant les textes récitatifs que les dialogues se révèlent d’une qualité des plus discutables et rendent la lecture passablement laborieuse. De plus, le dernier volet de l’album, à la fois convenu et hors propos, clôt le volume sur une ultime fausse note.
Aux pinceaux, Massimo Carnevale fait étalage d’un talent certain. Le dessinateur réussit avec brio à dépeindre la nuit et ses travées lugubres. Travaillant en couleurs directes, il n’hésite pas à combiner différentes techniques (aquarelle, encres, acrylique) et à distordre ses cases pour mieux exprimer les affres dans lesquelles les protagonistes se retrouvent plongés. La maîtrise de cet auteur italien n’est d’ailleurs pas passée inaperçue et lui a permis de se faire connaitre aux États-Unis, où il a collaboré, entre autres, à la série à succès Y le dernier homme.
Malgré un traitement graphique sophistiqué, la simplicité de l’intrigue et la pauvreté des dialogues peinent à rendre Le Don totalement convaincant.
Cette lecture nous entraîne sur le terrain du SAMU social à Paris où il y a de nombreux SDF qui ne passeront pas la nuit bien au chaud. Comme si leurs conditions de vie n’étaient pas déjà très dures, voilà que la jeunesse dorée ne trouve rien de mieux qu’à faire un happy slapping via un téléphone portable pour une petite baston qui coûtera la vie à une vieille SDF. C’est quand même horrible de casser du pauvre surtout lorsqu’on possède tout. Les faits sont exposés de telle manière à ce qu’on accepte sans broncher ce postulat de base qui paraît quand même assez dirigé contre les classes dominantes. Mais bon, cela ne peut pas leur faire plus de mal. J’ai moi-même du mal à accepter toutes les inégalités qui existent …
Et puis, il y a l’histoire dans l’histoire. On s’intéressera à une jeune femme, ancienne droguée, qui part à la recherche de son père devenu SDF et qui travaille au SAMU social pour mieux le retrouver. Tout cela me semble si irréaliste. Quand vient le moment tant attendu des retrouvailles, cela tombe comme un cheveu sur la soupe sans qu’on comprenne comment on en est arrivé là. L’émotion a du mal à passer car on est déjà pris dans l’intrigue politico-policière. Je n’ai pas aimé cet amalgame de récits d’autant que la fin paraît un peu consternante au regard de l’ensemble des événements.
Pour autant, j’ai tout de même apprécié cette bd pour d’autres qualités qu’elle recèle. C’est plutôt bien dessiné avec un graphisme agréable et on se laisse aller malgré toutes les invraisemblances. Le phénomène aurait pu faire l’objet d’un autre scénario mieux construit, c’est certain. Sinon, je vous souhaite un happy slapping and an happy new year.
Vraiment moyen, voilà quoi dire sur Le DON. Le héros hérite du don de SHINING, il peut voir le passé, le futur de tout ce qu'il touche et puis c'est tout. Des scénes sans lien entre elle, une fin balourde, des dessins de niveaux différents.
A éviter....