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Le rêve du papillon 1. Lapins sur la Lune

27/09/2010 7672 visiteurs 6.0/10 (1 note)


Lors d'une tempête en montagne, Tutu est séparée du reste de sa classe et se perd. Après une longue marche, elle débarque dans une ville étrange où elle est vite appréhendée par un groupe de lapins policiers. Ceux-ci la confient à une vieille chouette qui lui apprend qu'elle ira travailler à l'usine, comme les autres enfants, dès le lendemain. La fillette croit à un mauvais rêve, mais le jour suivant, elle est contrainte de se rendre au travail sous le regard peu amène des habitants. Surveillée étroitement par les léporidés, Tutu se sent bien seule dans cette cité peu accueillante, en proie à un hiver omniprésent, et que dirige un autocrate très susceptible. Pour elle, le seul espoir de retour dans son monde semble être le mystérieux cerf-voleur dont lui a parlé le chat rencontré lors de son arrivée...

S'ouvrant sur les larmes d'une petite fille, Lapins sur la lune donne d'abord l'impression d'avoir raté un épisode, avant d'entamer un long flash-back transportant six mois avant les trois premières planches. La colline où l'héroïne, en pleurs, se rebelle contre son sort cède brusquement le pas devant un chalet entouré de neige, en apparence la promesse d'un cocon douillet au cœur des frimas. Cependant, la grisaille ne tarde pas à envahir les pages et la tourmente hivernale s'impose, emportant Tutu et le lecteur avec elle pour les déposer sans cérémonie au pied d'une ville dont notre petit doigt chuchote qu'elle n'est vraiment pas comme les autres. À ce moment, un sentiment de déjà-vu affleure, qui ne cesse par la suite de s'étoffer. Et pour cause ! Malgré un début légèrement différent et des implications pas tout à fait identiques, même déplacé dans un environnement beaucoup plus frisquet, le thème de l'entrée subite dans un univers inconnu fortement teinté de fantastique, agrémenté de ce qui s'annonce comme une quête pour en ressortir, rappelle l'excellent film d'animation d'Hayao Miyazaki, Le Voyage de Chihiro. D'autant plus que le dessin de Luo Yin souligne encore, dans bien des scènes, cette similitude.

Bien qu'il soit difficile, à la lecture, de se défaire de cette ressemblance prégnante, le récit offert par Richard Marazano (Cuervos, Eco warriors, Guerrero, Héloïse de Monfort) se révèle rapidement prenant grâce à l'onirisme omniprésent et à une narration fluide, axée, dans ce premier opus sur les réactions, à chaud, de Tutu. À travers le regard déboussolé, mais avide de découvertes, de son personnage principal, l'auteur invite à explorer un monde aussi riche que froid et effrayant, plus complexe aussi qu'il n'y paraît de prime abord et possédant tous les éléments nécessaires à la survenue d'évènements qui viendront le bouleverser. Cet univers, aux accents aussi poétiques que fabuleux, est représenté avec un certain talent par Luo Yin qui parvient à en rendre l'intense froideur et le côté gris, peu accueillant, qu'il contrebalance joliment par la suite, dans la scène festive du carnaval. Par ailleurs, quoiqu'assez anguleux, son trait ne manque pas de charme et sait donner vie aux protagonistes grâce à une mise en couleurs relativement plaisante. Néanmoins, il est dommage que certains acteurs, à l'instar de ce brave ours qui se lie avec la fillette, ou éléments - le bus qui la conduit à l'usine - rappellent par trop quelques figures secondaires vues dans les productions de Miyazaki...

Se lisant facilement, Le Rêve du papillon constitue un agréable conte, auquel on reprochera surtout de ne pas suffisamment s'affranchir de sa source d'inspiration, alors même que le contenu en est plutôt accrocheur.

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

Le rêve du papillon
1. Lapins sur la Lune

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 01/09/2020 à 15:38:27

    C’est un titre bien évocateur que celui du rêve du papillon. Une petite fille se retrouve devant un arbre fleuri et supplie le ciel de bien vouloir la laisser rentrer chez elle. Ce n’est visiblement pas possible lui explique un chat qui parle tant qu’elle n’aura pas retrouvé ce fameux papillon. Cependant, comment le reconnaître parmi les milliers tous semblables ?

    L’auteur dépeint un univers pas aussi féérique que cela à mi-chemin entre songe et réalité. Dans cette ville-prison, elle est obligée de travailler à l’usine chaque jour sans pouvoir déjeuner. C’est un quotidien sombre et tourmenté qui nous est décrit. La ville est gouvernée par un empereur inaccessible qui se fait représenter par divers robots pour ne pas montrer son visage. Il est assisté par une police secrète composée de lapins crétins en habit noir. Cette petite fille ressemble étrangement à celle que l’on retrouve dans l’univers manga de Miyazaki notamment Le voyage de Chihiro.

    Il y a un mélange de genres qui semble fonctionner entre ce qui relève du fantasque et des aspects néfastes d’une dictature. Au-delà de la fantaisie, on aborde des thèmes sérieux comme la liberté individuelle et la nécessité de combattre toutes les formes de totalitarisme. J’ai bien aimé ce côté décalé entre émerveillement avec ces somptueuses couleurs et ce graphisme tout en beauté et réalisme d’une société confrontée à la précarité et à l’exploitation. En effet, ce monde fantastique qui connaît un hiver éternel est en proie à une véritable révolution industrielle.

    On s’abandonne avec délice aux dérives du scénario. L’impact visuel est aussi puissant que la colorisation est belle. C’est une œuvre singulière d’une remarquable réussite. En conclusion, c’est une histoire poétique avec des mots d’enfants mais pour les grands. C’est un beau voyage en immersion totale dans un univers coloré, magique, poétique et loufoque mais également cruel et émouvant.