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oland est un seigneur comme les autres, ripailleur en diable et peu enclin à la fidélité conjugale. Alors que la possibilité de participer à une croisade se présente, ce n’est pas la peur du combat qui prédomine, mais la joie de retrouver ses amis pour partager quelques repas fastueux et une cohorte de filles faciles. Tandis que son épouse vient d’échapper de justesse à un viol en bonne et due forme, il n’en prend pas moins résolument la route avec son équipage.
Le ton se veut d’emblée original, reposant sur un texte plutôt moderne et un graphisme qui ne l’est pas moins. Première réalisation de Pero et de Rémy Benjamin, ce one-shot des éditions Ankama repose sur une construction en boucle qui constitue son principal atout. Là où le bât blesse, c’est dans le chemin parcouru pour arriver au moment où cette boucle se referme : une succession de situations peu intéressantes, dans lesquelles le personnage de Roland semble touché par la malchance. Le peu d’émotions suscitées par une narration assez plate empêche de savourer les bonnes idées qui parsèment le récit, tout en plongeant le lecteur dans une certaine torpeur coupable.
C’est davantage d’un point de vue graphique que cet album est une réussite. Simple, lisible, accompagné d’une mise en couleurs douce et harmonieuse, le trait est des plus séduisants et s’annonce dès une couverture relevant d’une belle composition. Les scènes muettes et contemplatives qui constituent une part non négligeable du récit parviennent ainsi à instaurer une ambiance plaisante, agissant en contrepoids d’une intrigue qui piétine trop souvent.
En définitive, Un jour sans possède les qualités et défauts d’une première œuvre, soit une originalité qui n’est pas suffisamment contenue et finit par desservir le propos, mais une tonalité qui séduit et incite à suivre d’un œil attentif et bienveillant les productions futures des deux auteurs.
J’ai été agréablement surpris par cette lecture qui a retenu toute mon attention. On commence cette lecture par une boutade au niveau de la date des faits qui se situe en plein Moyen-Age à l’époque des châteaux-forts et de la croisade pour délivrer Constantinople. Pourtant, la première scène sera celle du viol de la châtelaine par un mécréant de passage. Bref, on observe une discordance entre le ton badin du narrateur et le déroulement des faits assez grave. On se dit que c’est peut-être un impair de la part de l’auteur mais cela ne sera nullement le cas car la fin, assez magistrale, nous permettra de comprendre et de faire le lien.
On suit les aventures d’un seigneur totalement horrible dans son comportement sans que celui-ci n’en prenne conscience. Ce récit aurait pu très bien se dérouler à l’époque moderne car ce sont bien les soubassements de l’âme humaine dont il est question. Un tel être sera vite maudit et il y a toujours un retour de bâton. On va assister à cette déchéance en espérant toutefois à une rédemption ou du moins une réhabilitation.
Je trouve qu’il y a une bonne retranscription des rapports humains dans cette œuvre dont le titre aurait pu sans doute être mieux choisi. Le dessin est excellent avec une mise en couleur maîtrisée et du plus bel effet. C’est une franche réussite. Je conseille vivement la lecture.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5