L
a matinée commence sous les meilleurs auspices. Le Comte de Champignac, champi-chocolat chaud en main, observe avec satisfaction l'arrivée du plombier qui devrait résoudre un problème de lavabo. Le supposé artisan arrive à bord d'un engin volant cinglé d'un Z... Quinze jours plus tard, Spirou et Fantasio rentrent au bercail après une tournée de promotion du Journal de Spirou (!). La bourgade est méconnaissable, investie par des soldats en tenues NBC et par des monstres (bonnet blanc et blanc bonnet ?). Et ce n'est que le début...
Dès la deuxième case de la planche 3, le lecteur sait où il met les yeux. À voir la démarche sautillante de Zorglub pénétrant dans le labo du Comte, le ton est donné : humoristique bien sûr et même franchement burlesque à bien des égards, voire empreinte d'auto-dérision. Une voix off un rien grandiloquente baigne le récit, joue l'emphase et le mystère sans qu'on puisse pour autant la qualifier de sérieuse. C'est rapidement évident, de réel frisson, Alerte aux Zorkons n'en contient pas, et l'intrigue en elle-même n'est pas, en soi, son atout majeur. Il y a bien une cause à la pagaille ambiante et une solution utilisée pour en sortir, touche pseudo-scientifique à l'ancienne à la clé, qu'on se rassure, mais rien qui justifie qu'elles restent dans les annales.
Pour cette incursion dans l'univers S&F et poursuivre la série, Fabien Vehlmann revisite Champignac et les icônes de la série en alignant les repères bien connus des fans de la première heure. Sans exclure une véritable modernité, il apparaît évident que le lien avec les classiques est assuré. Sans oublier de jouer la carte d'un joyeux délire, avec l'esprit un minimum ouvert, le crime de lèse-Franquin ne devrait pas être entonné (quoique, on n'est jamais sûr de rien...). Les inoubliables Z comme Zorglub et L'ombre du Z seront probablement relus dans la foulée pour le plaisir plus que pour une comparaison stérile. Et le plaisir de retrouver une nouvelle fois des têtes connues est indiscutable : le Z bien sûr, le père Raymond, Dupilon, le maire, mais aussi une flopée de monstres qui auraient pu s'échapper de quelques Idées noires ou encore le dino du Mémésozoïque qui se révèlera fort utile. Pour le reste, le rythme est trépidant, parfaitement soutenu par un dessin de Yoann, en pleine forme, faisant la part belle à une jungle envahissante, à quelques plans vertigineux et à des cohortes de figurants, civils ou soldats, exaltés. Emporté par le rythme, l'action et une certaine hystérie ambiante qui caractérise les échanges entre les protagonistes, le lecteur peut se laisser aller lui aussi en laissant échapper un « waouh des gremlins-anzés qui attaquent le vaisseau de Matrix dans la jungle d'Avatar !», avant de se ressaisir. Ce qui ne l'empêche pas de garder la main dans le bol de friandises jusqu'à en apercevoir le fond.
La forme, c'est bon, le côté « Nouvelle recette », aussi. Par la suite, un peu plus de consistance et de longueur en bouche, et ça n'en sera que meilleur.
Champignac.
Laboratoire du comte du même nom.
Notre génial comte se livre à une xième expérience lorsqu'il entend un bruit étrange. Serait-ce l'arrivée du plombier qu'il a appelé ? Un plombier se déplaçant dans pareil engin ? Pacôme, notre bon comte n'aurait-il pas ajouté trop de champignons dans son chocolat ?
Quinze jours plus tard.
Spirou, Fantasio et Spip se déplacent dans une camionnette promotionnelle pour le journal Spirou lorsqu'ils reçoivent un appel à l'aide du comte. Aussitôt, ils changent de direction. Soudain, un énorme convoi de véhicules blindés les dépasse. Plus loin, la route est barrée par des militaires en tenue de protection NBC (nucléaire, bactériologique et chimique). Il leur est strictement interdit d'aller plus loin… Mais c'est mal connaître nos aventuriers…
Critique :
Spirou et Fantasio ont cessé d'être dessinés par Franquin en 1969. Depuis plusieurs équipes de scénaristes et de dessinateurs ont pris la relève avec plus ou moins de succès. Cette aventure-ci est la première de l'équipe Yoann et Vehlmann. La première ? Pas tout-à-fait ! Ces deux auteurs avaient déjà « commis » « Les géants pétrifiés » dans une série un peu particulière « Une aventure de Spirou et Fantasio vue par… ». Dans cette série, les auteurs jouissaient d'une grande liberté d'interprétation des personnages. Parc contre, dans « Tome 51 : Alerte aux Zorkons », il s'agit de donner une suite aux aventures des deux célèbres personnages. Les auteurs doivent donc tenter de coller le plus possible à la mythologie des héros emblématiques du journal Spirou.
Comment s'en sortent-ils ? Yoann a voulu moderniser les personnages dans leur aspect et on retrouve l'influence des mangas dans leurs regards avec des yeux démesurément grands par moments. Dans l'ensemble, on retrouve les personnages de Spirou et de Fantasio assez fidèles à l'image qu'André Franquin a voulu leur donner. Certains mouvements ressemblent à s'y méprendre à ceux que Franquin lui-même aurait pu dessiner.
Vehlmann fait preuve d'humour et crée un univers très proche d'un Spirou et Fantasio des origines. Fantasio est assez fidèle au « personnage de base », un peu stupide, héroïque par moments, gaffeur toujours.
Alors, pourquoi n'ai-je pas ressenti un grand enthousiasme au terme de cette découverte ? Peut-être parce que je n'ai pas trouvé l'histoire fondamentalement originale.
En résumé : une bonne BD mais pas de quoi s'éclater.
Oui, je suis désolé, car je suis un fan absolu de Spirou et Fantasio, mais ce nouveau passage de relais à une autre équipe s'avère avec "Alerte aux Zorkons" (et les Kons, ici, ce sont les lecteurs, tous ceux qui ont gaspillé de précieux Euros à acheter ce mauvais livre...) une mini-catastrophe industrielle. Si l'on peut accepter le pari, très prudent, de jouer à mort le fan service par rapport à l'époque Franquin (du "Voyageur du Mésozoïque" à "Idées Noires", on ratisse large), la BD n'étant pas une activité de bienfaisance, et le repositionnement (de nouveau !) vers un public très enfantin, il est impossible de tolérer le laisser aller général dont témoigne cet album que l'on ne peut qualifier que de "bâclé". Du dessin très moyen d'un Yoann qu'on connaît plus inspiré ailleurs à un scénario stupéfiant de bêtise, en passant par un humour caca boudin de maternelle et à une hystérie générale qui doit tenter de copier ce qui se fait de pire dans les blockbusters hollywoodiens, il n'y a pas grand chose à sauver ici. Peut-être les plus patients et les plus pinailleurs d'entre nous se divertiront-ils au moins à la recherche des bourdes innombrables qui témoignent presque à chaque page du manque de professionnalisme total de l'équipe responsable de cette "BD" ???
Merci aux 48Hrs BD de nous faire découvrir des Univers différents .
Je ne suis pas un grand spécialiste "SPIROU". J'imagine avoir l’œil suffisament neuf pour rester objectif. Contrairement a ce que je lis plus bas, j'ai trouvé cette album très sympa. Le dessin a évolué depuis Franquin, mais je le trouve très vivant, rès actuel en restant de qualité. Comme le scénario avec des gags un peu absurdes mais toujours bien amenés (cher chriscolorado: comparer Spirou a Seuls me parait sans intérêt puisque l'une est une BD d'aventure l'autre une BD humoristique...
Bref, Je trouve que Spirou vieilli vraiment bien
L'histoire est plaisante, l'humour (loufoque) et l'aventure sont au rendez vous, mais le dessin reste très décevant malgré une nette amélioration depuis Les géants pétrifiés. J'ai tout de même bien ri en le lisant.
Rien de véritablement intéressant dans cette nouvelle reprise.
Sans être aussi mauvais que les précédents, l'aspect et l'esprit cartoon, donne une sous-version de Spirou destinée un public d'entre 0 et 3 ans (on n'atteint même pas les 7 ans et on est loin des 77 ans). En effet depuis "Machine qui rêve", on sent la volonté de Dupuis de (re)proposer un Spirou destiné aux jeunes âges.
Le problème s'est qu'à vouloir en faire un produit formaté, on obtient une caricature des années Franquin :
" Salut les enfants ! On est les reporters du magazine Spirou ! Venez avec nous on va vivre plein d'aventures extraordinaire. Youhouuu !"
" On retrouve ce bon vieux Champignac, toujours aussi excentrique et ce sacré pendard de Zorglub ! Je vous l'dit on va bien rigoler avec ces deux là !"
"Ah j'oublais, on va courir et s'amuser dans une jungle remplie de petites bébêtes marrantes ! Alors rejoignez-nous !!"
Et oui, on retrouve pour la deuxième fois d'affilée, ce cher Zorglub. Quel effort ! (surtout si on considère la suite)
On pouvait s'attendre à mieux de la part de Vehlmann. Surtout au vu de son travail sur "Seuls" (un must), proche de l'esprit des derniers Spirou de Tome.
A croire que c'est une tradition chez de très bon auteurs (Morvan, Yann, Vehlmann) de faire une un travail formidables sur d'autres séries (Sillage, Les Innommables, Seuls) et minable sur Spirou.
Yoann si à la base possède un graphisme intéressant, ce dernier disparait ici au service d'expressions clownesques (Zorglub ridicule)
Plutôt pas mal pour une reprise, surtout en comparaison des albums de Morvan et Muruena. L'histoire se lit agréablement et j'aime beaucoup le dessin de Yoann, même s'il est très éloigné de ce qu'il fait d'habitude sur ses propres séries (Toto l'ornithorynque notamment).
Bof, pas très convainquant ce dernier Spirou... Le dessin y est pour beaucoup dans mon manque d'enthousiasme: je n'aime pas, mais alors pas du tout, le graphisme de Yoann. Désolé, mais la nouvelle génération de dessinateurs à succès qui bâclent leurs dessins à dessein - si je puis dire - c'est pas mon truc ! Les Trondheim et autres Larcenet n'ont fait que décrédibiliser l'art du dessin, ce qui est détestable et Yoann ne manque pas à la règle, quoi qu'il en dise...
Quant à l'histoire elle-même, je trouve quelle est ratée et inintéressante. Mais peut-être que je suis trop vieux pour apprécier une BD censée être à la portée de tous...
Le seul point positif, et qui m'a fait sourire, c'est quand Dupilon, des clés dans la main, à côté d'une espèce de poivron rouge géant, se demande pourquoi il n'arrive pas à ouvrir cette "voiture" !...
A quoi joue Dupuis ?
C'est franchement la question qui ressort après avoir lu cet album n°51 des aventures de Spirou et Fantasio.
On aimerait pouvoir faire abstraction de la machine Spirou, de l'importance de cette série dans le paysage de la bande dessinée, faire abstraction du marketing publicitaire, à coup d'interview, de dédicaces, qui accompagne cet album pour ne se consacrer qu'à l'essentiel,
l'album.
Et on ne peut pas.
On aimerait pouvoir s'enthousiasmer pour un certain dynamisme du trait, pour une certaine caractérisation des personnages vraiment dans l'esprit de la série.
Et on ne peut pas.
On ne peut pas parce que cet album, cette vitrine d'un des plus grands éditeurs du franco-belge, cet album d'une série locomotive d'un pan de l'histoire de la bande dessinée, comporte trop d'erreurs, trop d'approximations pour une bd de ce niveau.
Malaise il y a.
On savait qu'en choisissant Yoann et Vehlmann, Dupuis tournait le dos à un certain classicisme. Celui d'une certaine idée de la bd, où si les choses sont faîtes avec humour et passion, elles le sont aussi avec rigueur, en s'imposant des contraintes techniques.
On ne savait pas que Dupuis allait en plus enterrer ce même classicisme pour tout miser sur la communication, le marketing, oubliant le fond.
Ce qui saute aux yeux dans cet album, pour peu qu'on essaie de le regarder de manière objective, ce sont les erreurs.
On se sent obligé d'en faire la liste, tellement on a rarement vu ça pour un album de ce niveau, de ce tirage, de cette "importance". Et surtout tellement on n'a jamais vu ça dans Spirou et Fantasio.
Erreurs de pinaille:
+ des fenêtres dont les nombres de carreaux changent en première page
+ une camionnette avec une fois une porte, une fois non, une fois un panneau de pub, une fois non, une fois les deux.
+ un fusil de sniper qui change d'une case à l'autre, et qui voit sa crosse raccourcie d'une autre case à l'autre.
+ un zorglub qui voit son bras gauche attrapé par la langue d'une bestiole monstrueuse, langue qui sera finalement accroché au bras droit la case d'après.
+ ces bombonnes d'air comprimé attachées sur le Spirou gonflable et gonflé une fois autour du bouton, une fois côte à côte.
+ ...
Mais ce qui choque plus encore, quand on est amoureux d'une certaine bd, c'est ce manque de rigueur dans la construction de cet album
+ on reparle de cette camionnette modulaire
+ on parlera de cette zorglumobile aux sièges alignés en début d'album, Zorglub conduisant à droite, pour finir à un siège conducteur central devant deux sièges passagers à la fin.
+ de ce bombardier donc la bombe est au début attachée sous la carlingue, avant décollage, avant de se voir finalement positionnée dans une soute improbable comprenant déjà les roues de l'avion
+ de ce laboratoire de Champignac en première page ou les meubles disparaissent d'une case à l'autre
+ de cet intérieur de paysan à l'espace mouvant, variant en dimension d'une case à l'autre
+ de cette poutre verticale disparue pour ne pas polluer la scène des cyclistes
+ de ce problème de villageois présents, oubliés, ignorés et par zorglub, et par l'armée, et surtout par le scénario
etc.
Que les auteurs aient choisi la voie de la fantaisie pure et dur, là où leur prédécesseur renforçaient l'invention, fantaisiste ou scientifique, par une documentation poussée pour le réel, pourquoi pas.
Seuls les vieux grincheux, comme moi, trouveront à redire sur la non-crédibilité de cette armée, de ses procédures, de son matériel (ce bombardier improbable), sur la non-crédibilité de cette nouvelle zorglumobile.
Qu'ils aient choisi de simplifier à l'extrême la trame narrative pour n'offrir qu'un ersatz d'intrigue, repoussant tout intérêt à l'album suivant, pourquoi pas. Il fallait repartir sur une autre base nous a-t-on dit.
Mais c'est un choix des auteurs, leur façon de faire. C'est affaire de style comme on dit.
Là où le bât blesse, où le malaise transparaît, c'est cette impression de travail inachevé. Cette impression de ne pas retrouver Spirou sans savoir pour quoi exactement.
Et là les auteurs ne sont pas les plus à blâmer. L'erreur est humaine. Surtout avec une telle pression. Accordons leurs le bénéfice du doute.
S'il est une chose que l'histoire récente de Spirou nous a bien apprise, c'est qu'il est facile de juger du résultat sans connaître les conditions d'exécutions.
Mais dans ce cas, plutôt que de monter un plan marketing énorme, plutôt que de leur demander moult illustrations, vidéos, interview, dédicaces, plutôt que de payer une société extérieur pour faire du community management, peut-être aurait-il simplement fallu accepter de perdre un peu d'argent, et leur donner le temps, à ces auteurs, de corriger de ci de là ces erreurs.
Après deux ans de boulot, on était plus à ça près.
Mais pour tout cela, peut-être aurait-il fallu simplement superviser le boulot...
Même si le style ne plaît pas, même si cette fantaisie ne séduit pas, le même album débarrassé de ses scories, le même album supervisé correctement, corrigé de ses erreurs les plus grossières, le même album aurait mis tout le monde d'accord.
C'est malheureusement loin d'être le cas, et c'est dommage pour une série du niveau de Spirou.
Pour les rigoureux, pour les amoureux d'une certaine bd, il reste une sensation amère, une sensation de gâchis, une sensation de voir une certaine qualité de bande dessinée sacrifiée sur l'autel du marketing et des objectifs commerciaux.
Les temps changent. Pas toujours en bien.
Cet album aurait pu être vraiment bien.
Il ne l'est pas complètement. De loin. A qui la faute ?
un scénario superbe avec des rebondissements, de l'humour et du suspense. un dessin très agréable et beau... c'est une super reprise que nous offre ces 2 auteurs talentueux. on y retrouve aussi beaucoup de personnage tels que zorglub ou Dupilon, bref, fortement conseillé...
Si le trait de Yoann s'est quelque peu assagi depuis les « Géants pétrifiés », la filiation revendiquée avec Franquin est bien loin. On attendait mieux de Vehlmann au scénario (ruptures de rythme) et les délires de la jungle « champignacienne » ne passent pas. Bref, pour les amateurs de Franquin, passez votre chemin !...