S
an Francisco, de nos jours. Chris, un jeune photographe au Guardian, emmène sa petite amie en ville pour faire quelques clichés. Alors que Jill prend la pose au milieu d’un décor idyllique et plein de vie en cette belle journée de printemps, un énorme robot surgit de nulle part et crée la panique. Ravageant les immeubles et piétinant les gens de ses semelles ensanglantées, l’immense créature de métal ne semble pourtant pas vouloir faire de mal. Mais au milieu des cris des innocents qui tentent de sauver leur peau, il est très difficile de comprendre ce qu’il dit … et qui sont ces aliens lancés à sa poursuite ?
Rick Remender est décidemment à la fête chez Akileos qui, dans l’aspiration de l’excellent Fear Agent, publie ses autres séries, dont The End League et ce Gigantic, dernier en date et rassemblant les cinq épisodes de la saga US.
Sur base de cette couverture aux accents nippons et de cette scène d’ouverture impliquant un Golgot gigantesque, le lecteur pourrait se croire dans un remake de Godzilla ou en présence d’un cousin éloigné du prince héritier de la planète Euphor, poursuivi par les forces de Véga. Si l’influence japonaise est indéniable, l’univers imaginé par Remender va cependant plus loin. La Terre serait en effet entièrement créée par les extra-terrestres et utilisée comme terrain de jeu pour un reality-show intergalactique, dont les humains seraient les grandes vedettes. En proposant une planète entière observée à son insu par des nombreuses espèces à travers l’univers et un héros métallique censé faire grimper l’audimat, l’auteur présente un version interplanétaire du Truman Show avec une réédition de Goldorak dans le rôle de Jim Carey.
Si le scénario invite à découvrir l’histoire de ce robot géant et de son retour sur Terre, il permet également de critiquer les émissions de télé-réalité et les médias en général, sans oublier ces créatures pleines de défauts qui peuplent notre planète et qui font les beaux jours de cette émission à grande échelle. Si l’idée de départ est excellente, le manque d’épaisseur de certains personnages et quelques rebondissements un peu trop capillo-tractés, font que l’ensemble n’est pas dénué de défauts. Porté par de nombreuses scènes d’action et un fond très intéressant, ce récit très divertissant ne manque pourtant pas de séduire.
Au niveau du graphisme, Eric Nguyen n’en est pas à sa première collaboration avec le scénariste. Déjà compères sur Strange Girl et sur le hors-série de Fear Agent (Légendes d'un Fear Agent), le duo parfaitement huilé s’en donne à cœur joie dans un univers de science-fiction légèrement kitch, qui rappelle les beaux jours du kaijū eiga dans les années 50. Le dessinateur enchaîne les planches explosives et les scènes de combats dans des mégapoles qui semblent réduites à la taille de maquettes et insuffle beaucoup de dynamisme et de rythme à l’histoire.
Gigantic prouve qu’ils sont parmi nous et ils n’auront jamais été aussi présents !
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