Sienna 2. Université de Yale... Licence en crimes 2

S ienna et Gabrielle n’ont pas spécialement d’atomes crochus. On peut même dire qu’elles auraient du mal à passer leurs vacances ensemble. Pourtant, elles se retrouvent alliées de circonstance pour découvrir ce qui se cache derrière le meurtre de Roberto Solis, leur ancien mentor à l’université de Yale. La première nommée, la blonde pour faire plus simple, est conseiller financière le jour, agent de la CIA la nuit, et coupable de l’assassinat de Solis. La deuxième, la brune donc, est avocate à plein temps, défenseur des laissés-pour-compte. Entre les deux jeunes femmes, un homme, Charles Mandeville, mari de l’une, amant de l’autre. Mais aussi, un étrange groupuscule extrémiste, les « Skulls and Bones », un Révérend conservateur et influent, Zak Knight… Le puzzle comporte de nombreuses pièces que Sienna et Gabrielle tentent de rassembler à Mexico.

Une blonde, une brune, une conservatrice proche de l’establishment, une gauchiste quasi révolutionnaire. Pour ceux qui n’aiment pas les personnages trop caricaturaux, il faudra sans doute passer son chemin. Néanmoins, le diptyque possède d’autres qualités qu’il serait dommage de balayer d’un revers de main, au titre desquelles un scénario pêchu cosigné par Stephen Desberg et… son frère, Filmore, lancé pour l’occasion dans l’univers de la bande dessinée.

Il serait facile de s’adonner au jeu des comparaisons, tant les thèmes contenus dans Sienna ont été maintes et maintes fois développés. Pour faire court, l’héroïne pourrait être une Lady S. parachutée dans l’univers d’I.R.$. Les ficelles sont parfois un peu grosses, le président des États-Unis trop crédule (quoique…), quelques scènes trop théâtrales… Mais l’ensemble se révèle très plaisant, les filles pétillantes à souhait, l’enquête à peu près cohérente, le suspense maintenu jusqu’à la dernière page.

Le dessin de Chetville (Sam Lawry à partir du tome 3) accompagne le scénario dans un registre classique et réaliste. Quelques expressions de visage approximatives, mais le tout est relativement homogène et plutôt de bonne facture. Mention spéciale pour les couleurs, globalement réussies.

A défaut de casser la baraque, Sienna parvient à rendre le moment de lecture très agréable. A condition toutefois de faire abstraction des quelques incohérences rencontrées ici ou là et de savoir profiter pleinement d’un récit destiné avant tout à la détente.