En 2010 nous avions fait un poisson d'avril sur la sortie de Sasmira tome 2 qui paraissait alors bien improbable. Evidemment la réalité rattrape la fiction et le vrai Sasmira tome 2 sort en novembre 2011. Voici la fausse chronique écrite à l'époque.
Enfin ! Il aura fallu plus de douze années d’attente insupportable, de promesses sans lendemain, de fausses pistes vouées au désespoir pour que surgisse enfin, au moment le plus inattendu, l’Album. Le « A » n’est pas usurpé tant Sasmira a fait couler de l’encre. En 1997, il s’agissait de disserter sur un premier tome encourageant, dans lequel Laurent Vicomte démontrait une fois de plus son talent de dessinateur, chaque planche offrant un véritable plaisir visuel. Les magnifiques croquis de Bertille, repris sous forme d’ex-libris ou autres lithographies, rappelaient sans cesse qu’une héroïne est née, mais que son histoire s’est arrêtée, à la fin du 20e siècle.
Peut-être que le scénario est, à ce titre, prémonitoire, voire clairement intentionnel. Stan retourne dans le passé à la recherche d’une chimère, entraperçue sur une photo vieillie. Le lecteur devra suivre le même chemin pour raviver les souvenirs d’un récit enfoui au fin fond de la mémoire. La découverte du deuxième opus est proprement jubilatoire. L’impatience, née de l’absence, efface les quelques incohérences rencontrées ici ou là. L’enlèvement de Stan par une armée de Templiers au tout début de l’album peut surprendre, mais c’est surtout le destin de Bertille qui apparaît pour le moins original. La jeune fille parvient à s’enfuir du château, poursuivie par des loups, dont le dernier ose le coup de croc, laissant encore un arrière-goût d'inachevé.
C’est sans doute au niveau du dessin que la surprise est la plus grande. Laurent Vicomte, pris par le temps, et certainement soumis à la pression de l’éditeur, a dû se contraindre à déléguer une partie de son travail. Bien qu’il ait pensé à Cecil, sur le point de terminer le tome 3 du Réseau Bombyce, son choix s’est porté sur Lewis Trondheim pour les planches 12 à 17, et sur Joann Sfar pour les planches 24 à 35. Le résultat manque parfois d’homogénéité mais révèle une extraordinaire audace créatrice.
Il serait dommage d’en dévoiler plus. Chacun aura le loisir de découvrir un album inclassable, tant par l’impatience qu’il a suscitée, que par les fantasmes nourris par l’imagination débordante de lecteurs en attente d’une hypothétique suite.
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