A
l'ombre des comics de super héros il existe aux Etats Unis des auteurs de bandes dessinées intimistes ou autobiographiques, tel Tomine, Cherster Brown ou Joe Matt. Seth, l'équivalent américain de Dupuy et Berberian, est l'un d'eux. Après les Humanoîdes associés et Le Seuil, c'est autour de Casterman de publier en France un album de cet auteur.
Le dessin du "Commis Voyageur" est très propre sans texture ni effet, uniquement relevé de quelques aplats de bleu et de gris.
L'album comprend deux histoires liées entre elles par le thème de la vente en porte-à-porte.
Le premier récit est un parfait exercice de style : un seul personnage, un seul lieu, pas de flash-back et pourtant il y raconte toute une période de sa vie. Le second est de forme plus classique, on y suit le voyage de quelques jours d'un vendeur, on découvre ses angoisses et ses échecs.
Les véritables forces de Seth restent la qualité et la subtilité de ses personnages. Le temps de quelques pages, ils prennent réellement vie et les lecteurs partagent leurs névroses (et celles de l'auteur ? Difficile d'ignorer la part d'autobiographie de l'histoire). Seth n'en fait pas trop, les dialogues et les évènements sonnent justes. Tout en nous culpabilisant, Seth nous incite à rire de ce qui n'est pas drôle, de la misère humaine, du malheur des " losers ". On oscille donc entre le rire et la compassion envers ces victimes nées qui restent malgré tout terriblement attachantes.
Une fable drôle mais désespérée, cynique et désabusée.
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