À la Nouvelle-Nouvelle-Orléans, quelque part sur Mars, Catherine, une jeune femme solitaire, rencontre la petite Alice. Entre les deux filles se noue une belle amitié, réveillant en celle qui est une véritable légende dans le jeu Guerres médiévales un instinct maternel très fort et un regain d’intérêt pour une vie réelle pourtant difficile sur une planète en pleine terraformation.
L’Homme et Cellier présentent avec Alice une sorte de fable humaine dans un décor futuriste, mêlant avec bonheur la science-fiction et le récit intimiste. Prenant le parti de ne pas entrer dans les détails de la colonisation de la planète rouge, les auteurs concentrent principalement leur attention sur les deux protagonistes. C’est donc au détour de leurs conversations qu’apparaît en filigrane l’historique de Mars, désormais régie par un supercalculateur du nom de Sorcière, celui-là même qui gère Guerres médiévales et ses applications. Cette interconnexion confère à ce qui n’était dans l’idée de son concepteur qu’un simple divertissement un caractère éminemment politique, le jeu étant pour les mouvements de rébellion une véritable porte d’accès vers leur ennemi juré.
L’univers mis en place aurait sans doute gagné à être davantage développé, c’est une évidence, et le lecteur attentif, captivé par l’originalité du propos et un dessin d’une incroyable beauté, pourra regretter une fin précipitée qui, bien que témoignant d’une construction narrative intéressante, ne brille pas par sa clarté. L’album se termine donc sur un léger bémol, celui d’une complexité outrancière peut-être due à une pagination trop restreinte. Insuffisant toutefois pour échauder complètement ceux qui auront décidé de se plonger à corps perdu dans ce monde fascinant qui n’est pas sans poser de questions sur celui qui nous entoure.
Il n’en est pas moins évident que le graphisme, enchaînant les prouesses, contribue dans une large mesure à l’intérêt que peut susciter ce récit en un volume. Par ses couleurs conférant un véritable relief à ses planches, un cadrage redoutable d’efficacité et un trait précis qui restitue à la perfection l’humeur des différents personnages, Cellier sera parvenu à créer une ambiance unique en son genre dans laquelle s’épanouissent des acteurs qui, par leur apparence, leur attitude et leur personnalité, sont à même de marquer durablement les esprits.
Original dans le fond et dans la forme, Alice vaut peut-être plus pour son impression générale que pour un final quelque peu mitigé. Il n’empêche, les auteurs ont pu donner libre cours à leur imagination et régaleront par leur style et leur audace tous les lecteurs avides d’expériences nouvelles.
Je n'ai pas aimé cet album car cela semble une espèce de mélange improbable qui devient indigeste à la fin. L'idée de raconter ce que va devenir la colonisation martienne est plutôt bienvenue.
Cependant, l'exploitation d'un jeu vidéo médiéval comme pouvant décider de l'issue d'une guerre de confédération du style sudiste contre nordiste semble trop tirée par les cheveux. Cela ne prend absolument pas.
Pourtant, la petite fille et sa relation avec une martienne pur sucre aurait pu émouvoir. Par ailleurs, le style graphique me convenait bien. Mais l'histoire, n'en parlons pas !