A
près la mort de son père et son exil forcé, Gilgamesh est décidé à reconquérir son trône. Son nom suffit à faire trembler ses adversaires et après avoir combattu pour le royaume de Kish qui l'a recueilli, il se rend à Uruk pour reprendre son bien. La terre tremble devant son char tiré par de féroces taureaux…
Après plusieurs adaptations d’auteurs de divers horizons, Brion (Les Insurgés d'Edaleth, Corpus hermeticum) et Blondel (Nova, Les orphelins de la tour) se lancent à leur tour dans l'épopée du fils du roi Ludalbanga, descendant de la première dynastie des souverains d'Uruk : Gilgamesh, aux deux tiers dieu et un tiers humain. Cette légendaire histoire venue du fond des âges offre une multitude de possibilités d'adaptation. Là où Gwen De Bonneval et Frantz Duchazeau ont misé sur la vision psychologique du personnage et les affres des puissants, L'épopée de Gilgamesh vise le spectacle et la grandiloquence avec son lot de combats en cinémascope, de scènes épiques dans les palais somptueux de l'ère sumérienne du IIIe millénaire avant JC et les rencontres musclées et bien viriles dans la sueur et le sang. La profondeur du personnage, le seul car il écrase tous les autres par son omniprésence (Enkidu aurait dû gagner en importance et en opposition), est quasi absente. Sa carapace ne laisse rien transparaître si ce n'est un héros vide d'expression, gavé de répliques bien senties mais sans relief. Il reste une légende éclatante et à l'accès aisé.
Le cadre noir durcit, peut-être inutilement, le ton. L'aspect mortuaire ainsi rendu fige le récit dans une direction grandiloquente de gravité. Cela a également tendance à faire disparaître les décors intérieurs dans une sombre ambiance de complot de palais gommant ainsi certains détails. Ce choix permet néanmoins de rehausser les couleurs ocre et or qui rendent chatoyant le dessin d'Alain Brion passé maître dans l'utilisation de sa palette graphique. Pour qui apprécie le genre, c'est efficace, esthétiquement réussi et rythmé à souhait, mais cela manque tout de même d'âme.
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