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u fin fond du Nevada, un homme et une femme se planquent dans un motel pourri afin d’échapper à leurs poursuivants. Témoin involontaire d’une expérience militaire qui a mal tourné, Julie Martin est depuis recouverte d’une étrange couche de métal provenant de l’explosion en vol d’un prototype d’arme créé par le Centre de Recherches Nucléaires Heitzer. Poursuivie par l'armée américaine et par Ivy Raven, une redoutable enquêtrice travaillant pour le compte du CERENH, elle semble complètement dépassée par les évènements et décide de lier sa destinée à celle de Dillon, un garde forestier qui vient de perdre sa petite amie au cours de l’expérience secrète de Moon Lake. Si les deux ne semblent pas faire le poids face aux forces gouvernementales lancées à leurs trousses, la rencontre avec un sans-abri dont la main est également recouverte de cette mystérieuse substance, va permettre de révéler la véritable force dévastatrice de cette étrange armure qui lui recouvre le torse.
Si le lecteur prend plaisir à retrouver la poitrine chromée de l’héroïne, ce n’est heureusement pas le seul attrait de ce road movie. L’ancrage SF (le projet top secret de l’armée qui dérape et vient perturber le quotidien d’une inconnue) et la touche super-héroïque (une jeune femme qui, suite à l’incident militaro-industriel, est recouverte d’un étrange alliage qui lui confère de dangereux pouvoirs) ne débordent certes pas d’originalité mais ne sont finalement que prétexte au développement psychologique des personnages de cette série bien plus subtile que le pitch ne laisse présumer.
Déjà récompensé par un Eisner Award pour sa série Strangers in Paradise, Terry Moore soigne en effet la psychologie de son héroïne et prend tout le temps de s’attarder sur les relations humaines. Il faut dire qu’avec une sœur internée, un mari qui demande le divorce et un buste recouvert d’une combinaison nucléaire symbiotique qui réagit aux émotions, Julie Martin a suffisamment de problèmes sur le dos pour parvenir à créer une certaine empathie avec le lecteur. Distillant des dialogues qui sonnent justes au sein d’une intrigue militaro-technologique qu’il étoffe au fil des pages, l’auteur trouve l’équilibre parfait entre l’action et l’émotion. Le tout est agrémenté d’un dessin noir et blanc réaliste et sobre. D’un trait fin et précis Terry Moore brosse ses personnages de manière extrêmement efficace.
Quant au cliff-hanger final de ce deuxième volet qui confirme l’aspect prometteur du premier, il ne laisse que peu de choix : continuer cette excellente saga qui devrait compter six tomes et dont une adaptation cinématographique est d’ores et déjà prévue !
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La chronique du tome 1 par D. Lemétayer
Après avoir décimé une patrouille militaire, Julie est obligée de fuir en compagnie de Dillon, le compagnon d'Annie, la femme qui portait la fameuse combinaison de métal lors de "l'incident" de Moon Lake. Mais si l'armée est à leurs trousses, elle n'est pas la seule car à Moon Lake se trouvait également un homme mystérieux... Possédant désormais lui aussi un fragment de la combinaison, greffée dans sa main, il sombre dans la folie et élimine quiconque se trouve sur son chemin... Un tome dans la lignée du précédent : c'est toujours aussi efficace et remarquablement dessiné, ça manque toujours d'un peu plus d'action, mais ça reste très plaisant. Très réussi.