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Murena 7. Vie des feux

10/12/2009 10668 visiteurs 7.0/10 (4 notes)

Été 64, la canicule écrase Rome. Dans son palais, quand il ne rêve pas à la nouvelle cité qu'il voudrait bâtir, Néron médite devant les flammes semblables à celles qui ont dévoré le corps de sa fillette à peine née et déjà morte. Pourtant, lorsqu’il apprend par Massam que Lucius Murena est de retour à Rome et hébergé par une vestale, il s’empresse de punir la traitresse qui a reçu un renégat. Puis, il part pour Antium sans plus se préoccuper de son ancien ami. Rendu fou de douleur par la perte de sa bien-aimée Acté en Gaule, Murena a juré de faire payer l’empereur et s’apprête à affronter son sbire. Le feu couve et l’étincelle de sa colère pourrait bien incendier la Ville…

Après la fin de Britannicus, le meurtre d’Agrippine, l’ascension de Poppée, un autre épisode clé de la légende noire de Néron était très attendu : l’incendie de Rome. Il s’annonce et s’amorce petit à petit dans ce septième volet, marqué par le deuil, le désespoir, la mégalomanie et la vengeance. Les neiges gauloises des premières pages à peine quittées, Jean Dufaux, toujours aussi bien documenté, plonge son lecteur dans la fournaise romaine, où la danse des courtisans, les complots les plus infâmes et la perfidie de jeunes patriciens décadents vont bon train. Cependant, cela semble se faire sur un ton moins marqué que précédemment et les rôles sont partagés différemment, plus nuancés. En effet, si l’empereur, toujours cruel et implacable, gagne en humanité en raison de son chagrin, Murena, son reflet en plus pâle, se laisse aller à la rage qui bout en lui depuis un moment, assombrissant un peu son image, malgré la sympathie que ses malheurs engendrent. Par ailleurs, Poppée qui, jusqu’ici, dominait s’efface au profit de Tigellin, prêt à tout pour servir son ambition personnelle. De plus, le scénariste introduit de nouveaux protagonistes qui ajoutent encore à l’intérêt du récit et servent bien l’intrigue, laissant même augurer d’une importance future. Bien rythmée, l’histoire semble cependant tirer en longueur et provoque une légère frustration l’album refermé. Une impression faussée, car le brasier final constitue bien le point culminant ouvrant sur un précipice à venir, qu’on devine aussi passionnant que sombre.

Aussi attendu que le feu dévorant Rome, le dessin de Philippe Delaby émerveille. Précis, détaillé, dynamique, il restitue aussi bien la somptuosité des quartiers huppés que la fange crasse des bas-fonds. Les décors, l’architecture confèrent un réalisme incontestable à l’ensemble, tandis que les expressions des personnages restituent bien leurs émotions diverses. Le pouvoir de séduction de ces atouts est encore accentué par la mise en couleurs de Jérémy Petiqueux qui insuffle la vie aux pierres des temples et des demeures, à ceux qui s’y agitent, aux flammes qui lèchent le pourtour des cases, rongent les visages et s’élancent vers des cieux chargés d’ombres. Pour mieux apprécier encore le travail et le talent du dessinateur, un supplément de croquis en début de tome s’offre au regard curieux et admiratif.

Entraînant le lecteur dans un récit toujours plus sombre, La Vie des feux tient ses promesses, tout en proposant une vision très crédible de l’époque et des évènements. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, rappelons que L’Histoire a publié un hors-série consacré à Rome au temps de Néron, dont les articles sont accompagnés d’illustrations de Delaby et qui est accompagné d’une intéressante interview de Dufaux sur « le vrai et le faux » dans Murena

>>> La chronique du Tome 5
>>> La chronique du Tome 6

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Murena
7. Vie des feux

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Note: 4.4/5 (239 votes)

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L'avis des visiteurs

    bobhard Le 25/12/2019 à 17:38:18

    Ce septième opus se présente comme un album de transition dans lequel les antagonismes entre les différents personnages ne cessent de prendre de l'ampleur.Lucius Murena est décidé à affronter violemment Néron.Son retour à Rome avec le fidèle gladiateur Balba a pour seul objectif de se venger de la famille impériale, mais celle-ci est toute puissante!
    Les auteurs Dufaux et Delaby continuent à nous proposer une saga captivante tout en restant au plus proche des faits historiques.

    Levant Le 21/12/2011 à 19:12:16

    Une fois de plus le tandem Dufaux - Delaby réussit un album de haute voltige.
    La colorisation a encore changée avec des tons orangée cette fois-ci.
    Recherche voulue?

    Hugui Le 24/12/2009 à 13:52:48

    Lucius est revenu à Rome avec Balba, où il va retrouver des amis mais aussi beaucoup d'ennemis encouragés par Néron.
    Album de transition où les protagonistes se contournent sans s'affronter directement mais on sent le drame prêt à éclater à chaque moment. Et les femmes trop pures sont toujours des victimes.
    Le fonds historiques est toujours passionant et les dessins superbes, mais on reste sur sa faim car les choses ne progressent pas beaucoup.
    Vivement la suite.

    watchman Le 29/11/2009 à 15:24:54

    Superbe, toujours aussi bien dessiné, toujours un découpage aussi parfait. Bref c'est vraiment du très grand art. On se régale. Une BD hors norme qui je l'espère continuera tout le temps dans cette veine et qualité.

    BIBI37 Le 24/11/2009 à 22:01:44

    Un septième album toujours aussi réussi du tandem Delaby/Dufaux.
    On est toujours à la recherche de la plus proche réalité historique mais loin d'être un manuel d'histoire il s'agit d'un vrai BD avec son lot de personnages principaux et secondaires.
    A mettre dans toutes les mains tant cet album comme toute la série frise la perfection.
    Espérons qu'il soit en course pour gagner le trophée en 2009.
    De toute façon fande la première heure je vote pour lui.
    10/10.

    cachou Le 15/11/2009 à 12:55:25

    Enfin ce septième album est sortie pour notre plus grand plaisir.

    Le dessin est toujours aussi parfait, rien à redire, quand à l'histoire elle avance, et Néron est toujours aussi mauvais et sur de lui, Lucicus Murena veut, quant à lui venger sa bien aimé Actée morte dans le tome précédent.

    Toujours grandiose.