A
vant d'être la BD la plus longue du monde selon son éditeur (40 x 7,5 cm, sans que ce soit une niche pour basset), Épictète est une suite de strips rigolos développés sur un nombre de cases variable signés Algozzino (le remarqué Pluie d’été au Humanos) et Bianco (l'excellent Billy Brouillard mais aussi le déjà canin mais peu convaincant Hot dog). En scène, un clébard qui ne sera jamais lauréat d'un concours de beauté réservé au « chienchien à sa mémère » ni Grand Prix de Philosophie de l'Académie française. De son prestigieux homonyme, plus que la capacité à l’abstraction et aux principes, il a sans doute hérité du goût de la liberté, ce qui lance et entretient le running gag ponctuant l'album où le canidé aux yeux globuleux tente à tout prix de s'échapper de sa case-cage. Principe éprouvé mais preuve donnée qu’on peut encore l’exploiter pour un résultat plaisant.
Lorsqu’il ne se consacre pas à son projet de grande évasion, le corniaud (c’est affectif et puis le pédigrée de l’animal ne saute pas aux yeux) place la barre de la réflexion à une hauteur raisonnable en interpelant le lecteur à propos de sujets tels que le processus de création et les attentes de l’amateur de BD. De quoi lui faire oublier l’espace d’un instant quelques angoisses existentielles (la découverte de sa genèse, drôle, les aggravant par exemple). Apostropher, ou aboyer son propos pour prendre des termes plus appropriés, étant bien évidemment une manière de dissimuler les affreux doutes. Prise de tête ? Pas du tout. Il suffit de quelques références répétées à certaines icônes du 9ème Art ou autres petits jeux créatifs (le palindrome, c’est pas gagné…) pour s’en convaincre. De telle sorte que la référence, exprimée à voix haute par les auteurs, à certains exercices auxquels se livrait Lewis Trondheim ne paraît pas déplacée.
Casse-tête pour les tatillons plus préoccupés par des questions de rayonnages que par le contenu des livres, bouquin illisible – ou presque – au lit (mais bien plus qu’à l’écran où la verticalité du sens de lecture constitue un sérieux handicap), il n’en demeure pas moins qu’Epictète a moins de défauts formels que de qualités intrinsèques. Déridant.
Le blog d’Epictète : http://www.epictete.splinder.com/
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