L
’histoire débute à l’identique de Quelques jours d’été de Chabouté : un enfant est déposé à la campagne chez un aïeul pour les vacances, les parents ayant besoin, selon toute vraisemblance, de se retrouver en tête à tête. Luca, le garçon mis en scène par Malik Deshors, arrive à l’aube de son adolescence, et si son grand-père, un homme rustique et agréable, semble ignorer la solitude en se consacrant à l’entretien de son jardin et de sa maison, il ne parvient pas pour autant à créer un réel lien avec son petit fils, rétif à toute chose.
Difficile de savoir ce qui a poussé Luca à se replier à ce point sur lui-même ; la situation de ses parents, à peine évoquée dans les premières pages, une phrase et un regard, tant et si bien que l’interprétation peut être erronée. Ou est-ce juste cet ennui face à toute chose, assez propre à cette période d’incertitude, de mal-être. L’auteur, intelligemment, se garde bien de donner la clef : on n’entre pas comme ça dans pareille forteresse. Luca, bien malgré lui, va faire la connaissance de Stéphanie, une jeune femme qui séjourne avec des amis dans une ferme voisine, avec laquelle il va nouer une apaisante relation privilégiée le temps d’un été. Cette période de tous les possibles, où tout est en suspens. A son contact, au-delà de l’inévitable, mais trouble charge émotionnelle qui va s’emparer de lui, il va se découvrir un talent qui va le rapprocher de son papy. Ce temps est aussi celui de la prise de conscience de certaines perspectives, pas nécessairement encore clairement intégrées, mais le voile commence à se lever.
Mélancolique et paisible, ce récit de transition baigne dans un cadre à l’avenant grâce à un trait tout en douceur rehaussé au lavis. La nature est ici célébrée, et il ne manque pas grand-chose pour entendre le bruissement du vent dans les feuilles et le clapotis de la rivière lors de séquences contemplatives. C’est d’ailleurs toute la magie de cet album que cette propension à permettre au lecteur de toucher du doigt les possibles sensations qui effleurent Luca, qui l’ouvrent à la vie dans une douce langueur. Cette parenthèse pleine d’insouciance lui permet d’expulser silencieusement certains des nuages qui hantent son esprit. Cet été sera aussi pour lui celui où s’est construit un nouveau rapport au sensitif, celui-là même qui génère l’adolescent.
L’été de Luca est une histoire tout simplement humaine, toute en non-dits et en vécu, servie par un graphisme de toute beauté, plein de tendresse et de poésie.
J'ai lu l'été de Luca. Je me suis demandé à qui une telle histoire pouvait bien servir au fond tant la trame est classique.
C'est en effet encore une évocation de vacances par un garçon de 12 ans qui se retrouve à la campagne avec son grand-père afin d'échapper à la séparation de ses parents. Il est également question de méduses phosphorescentes dans un étang. Cela a un côté un peu féérique.
Cependant, cela semble être ancré dans une réalité avec une bande de copains qui vit au gré du vent, de la nuit et de la musique. Les dialogues certes mémorables (Yo ! ou encore A donf !) sont là pour nous le rappeler.
On lire surtout cette bd où il ne se passe rien pour son ambiance un peu onirique et paisible. Le coup de crayon est plutôt léger ce que j'ai plutôt apprécié, moi qui fuit les traits gras et épais.
Au final, il y a une certaine douceur qui passe bien même si tout le reste n'est pas transcendent.