Les seigneurs de Cornwall 1. Le sang du Loonois

P rofitant de l'instabilité provoquée par les attaques des Pictes et des Scots sur la Bretagne, Duncan, roi d'Irlande, se met en marche vers le Cornwall et les terres du roi Mark... À ce conflit d'hommes viendra se mêler la fée Gloredell, prenant parti pour l'un des deux camps. Mais l'aide que peut apporter un être de légende n'est jamais désintéressée...

Une chose est sûre, le scénario concocté par Sylvain Cordurié sur cette nouvelle série ne bouleversera pas les habitudes des amateurs de la collection Soleil Celtic. En effet, l'auteur de Salem la Noire et Acriboréa propose ici un récit au style bien établi, sans chercher à s'écarter outre mesure des canons du genre. Conflit entre clans guerriers, intervention de créatures magiques dans l'univers des hommes, confrérie de druides initiés aux secrets de l'autre monde, figures emblématiques du mythe arthurien... aucun ingrédient ne fait défaut.

Ce premier tome fait la part belle aux scènes de bataille, rythmant un album qui a pour tâche de présenter les différents protagonistes et l'univers dans lequel ils évoluent. Personnage principal, Tristan n'est que spectateur des événements. Il n'en est pas moins la figure centrale autour de laquelle devrait s'articuler la suite de la série, certainement dans un registre moins voué à l'action. Car c'est plus vers une période d'introspection que se dirige le jeune homme à la fin de la première partie, lui qui devra se construire à la lumière des drames qui émaillèrent son enfance.

D'une forme classique, ce premier tome des Seigneurs de Cornwall, à défaut de briller par une grande originalité, démontre le réel savoir-faire de ses auteurs. Les scènes s'enchaînent sans cassure, les différents destins commencent à s'entremêler, la coexistence du monde magique et du monde réel semble couler de source, les personnages sont parfaitement crédibles dans leurs rôles respectifs, et la narratif est tout à fait convaincant d'un bout à l'autre. Que demander de plus ? Un dessin à la hauteur, peut-être ? C'est heureusement le cas : Alessio Lapo, aidé par les couleurs très travaillées d'Olivier Héban, parvient à créer une ambiance qui marie admirablement un côté très lumineux et un sentiment tenace d'oppression. Idéal, sans aucun doute, pour un album qui vogue entre récit guerrier et histoire beaucoup plus intimiste.

Dans un registre de pur divertissement, assez éloigné de la référence que constitue la série Arthur de Chauvel et Lereculey, Sylvain Cordurié propose une entrée en matière réussie. Et c'est en nombre que les lecteurs devraient attendre la suite des aventures du jeune Tristan.