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’équilibre des choses semble être brisé : les prises des chasseurs sont malades et, malgré les prières de chacun, les tensions montent entre les membres de la tribu cherooke des Ani-Yunwiya. Equani, le plus fort des hommes, est chargé de trouver la solution à ces malheurs, il part à la recherche de Washita, un esprit rencontré dans ses rêves.
Le sujet que propose Séverine Gauthier (Noodles, Mon arbre) dans Washita est des plus intéressants. En effet, à part peut-être Yakari, très peu de séries se sont penchées sur les civilisations amérindiennes avant l’arrivée des Blancs. Ce premier tome offre une description, presque historique, de la vie quotidienne et de la cosmogonie des Cherookes. La notion, très importante, de l’équilibre entre les différents acteurs du monde est expliquée avec beaucoup de clarté. Autant le côté ethnographique passionne, autant l’intrigue et les différents acteurs manquent de saveur : un héros fort et brave, un concurrent jaloux, une quête mystico-initiatique et une sordide histoire de rivalité entre les deux shamans du village. La scénariste ne sort pas d’un schéma narratif ultra-classique qui, face à la richesse des légendes des premières nations nord-américaines, ne manque pas de décevoir quelque peu.
Thomas Labourot (Troll, Les Geeks) a choisi une approche très « dessin animé » pour croquer ce petit monde. Labourot fait partie, avec entre-autre Nicolas Keramidas et Scott Chantler, de cette nouvelle génération d’auteur fortement influencée par la télévision et les jeux vidéos. Le style est plein d’énergie et la mise en page explosive. Christian Lerolle, le coloriste, est sur la même longueur d’onde et utilise à bon escient toutes les ressources de l’informatique. Au final, le rendu de cet album est admirable, dynamique et dense.
Un premier tome mi-figue mi-raisin qui, malgré une réalisation percutante, souffre d’une intrigue un peu trop convenue.
Washita est une de ces histoires qui s'apprécie après une lecture complète des différents tomes. Cela ne sera certes pas difficile avec un tel rythme de parution: 4 volumes en 16 mois pour une histoire bouclée en 5 tomes. On sentira une véritable maîtrise évolutive. C'est un voyage épique qui nous est proposé à travers la civilisation amérindienne.
Le graphisme angulaire avait l'air repoussant au premier abord. Par ailleurs, le scénario semblait un peu niais dans le style l'équilibre des choses est brisé par un mal absolu.
Puis, au fil des tomes, il va se passer une espèce d'alchimie qui vous lie à cette série hors norme. On se rend compte que ce n'est pas aussi évident que cela. Tout est pensé pour nous diriger vers une direction donnée. Le dessin lui même est assez sophistiqué pour l'admirer d'une certaine manière avec mention spéciale pour un découpage et des cadrages fort réussis. Les silences et les dialogues sont bien dosés pour procurer une émotivité intense au récit.
Il y a tout d'abord un héros, Equani un jeune indien cherokee, connu pour son courage et sa bravoure. Son frère Asgina semble être son anti-thèse incarnant haine et jalousie. Une terrible maladie caractérisée par des tâches noires semblent détruire tout être vivant sur terre. Elle gagne du terrain car le montre si malicieusement les entrepages suivant les couvertures de chaque tome. Equani va avoir la protection de différentes divinités animales. Cependant, cette protection demeure très précaire car comme chacun le sait, les dieux ne sont pas réellement nos amis.
Bref, notre brave héros devra combattre sur plusieurs niveaux pour réaliser sa quête initiatique. Il y aura également les faux semblants où l'on pense découvrir le remède mais on s'apercevra très vite que ce n'est qu'un leurre. Tout y est pour passer un excellent moment dans cette aventure.
Une série qui se démarque des autres par bien des aspects et qui mérite certainement le détour. Un style moderne au service d'une noble cause sur le respect de l'environnement à une époque où l'homme blanc n'avait pas encore foulé le pied de l'Amérique. Dépaysement garanti !