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ilander Dean, triste sire un peu trop terre à terre, accoste un soir sur l'île de Yulkukany, patrie de pêcheurs qui connaît régulièrement son lot de malheurs. Il aspire au calme promis par l'isolement du lieu pour travailler, mais c'est sans compter sur la nièce de sa logeuse : Eli, petite fille pleine d'énergie, de vie et de bonne humeur. Bon gré, mal gré, l'homme supporte l'enfant qui voit en lui une distraction bienvenue et un nouveau compagnon de jeu. Pendant ce temps, dans les bois et à l'insu de tous, de mystérieuses forces sont à l'œuvre.
L'île sans sourire, c'est un conte, une fable, un rêve ou bien une aventure. Un beau livre. Les contraires s'attirent, c'est bien connu, et le récit se construit autour de la relation entre deux singuliers personnages. Bien sûr, les conflits sont inévitables. La petite Eli est fascinée par ce bonhomme qui a pourtant juré de ne plus jamais sourire et tente de l'entraîner dans les légendes et la magie du lieu, quand Milander est buté et exaspéré par tant de naïveté. Tout le récit se construit autour de la relation entre ces deux singuliers personnages.
Alors que le géologue est un modèle de mélancolie et de raisonnable, la mignonne demoiselle vit dans un fantasme permanent, empli de créatures fantastiques. En s'apprivoisant, chacun va contaminer l'autre à sa façon : le pragmatisme de l'un n'est rien sans l'espoir que suscitent les rêves ; et l'onirisme n'a de cesse de se heurter à la dure réalité. Les protagonistes sont magnifiques, leur caractère -fort- est bien transcrit par les diverses émotions lisibles sur leur visage. L'ombre et la lumière, qu'ils semblent symboliser, les entourent en permanence et sont sublimées chacune par son contraire. L'utilisation de l'ordinateur pour les couleurs donne un éclat unique au dessin de Fernàndez.
Le livre respire la joie de vivre grâce à l'harmonie entre l'histoire et les graphismes. Le dynamisme ambiant rappelle par bien des aspects les dessins animés, notamment ceux de Miyazaki où les charmes sont omniprésents. La lecture de L'île sans sourire est enchanteresse. Elle rappelle à ceux qui l'ont oublié que les créatures fabuleuses existent, pour peu qu'ils sachent les faire vivre.
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En abordant sur l'île sans sourire
Un homme n'a pas peur de mourir
Entre malheur et désolation
Ne recherche t'il pas la consolation ?
Dean fera la connaissance d'Eli la merveilleuse
Qui s'invente des histoires les plus faramineuses
Tout n'est que joie de vivre
S'amuser, persifler et rire.
Il s'enferme dans son passé
Qui revient chaque soir le hanter
Pourquoi toute cette souffrance ?
Quand il peut connaître la délivrance.
A quoi bon résister au charme de l'île ?
Dans la forêt se cache la sorcière sénile
Un cadeau, il faudra lui apporter
En échange de quelque chose à demander
Perdu entre rêve et réalité
On peut tout oublier
La mer peut arracher les joies
N'écoutes surtout pas cette voix !
Il restera toujours une lueur d'espoir
Même au plus profond du désespoir
Il s'agira un jour de bien repartir
Yulkukany retrouvera son sourire.
Les dessins m'ont de suite accroché. Onirisme, fantastique, magie, un très agréable moment de lecture que je recommande à tous les rêveurs.
Une merveilleuse poésie dans cet album. Une histoire très bien menée où on se laisse emporter, des dessins superbes, des personnages attachants. Un indispensable pour moi.
Je ne suis pas un gros client de ces récits onirique où le surnaturel se mêle au monde réel pour décupler les sentiments. L'idée de la petite fille qui entraine l'adulte enfermé dans son chagrin dans son monde pour lui faire retrouver le sourire est intéressante et la mise en image colorée et naïve sert bien ce récit, mais je dois être trop cartésien pour me laisser porter par cette ambiance.
Certainement à lire par ceux qui n'ont pas tout à fait perdu leur âme d'enfant.
Au départ je suis pas forcement très client de ce type de graphisme mais comme j'avais été convaincu par la préview j'ai sauté le pas. Au final j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cette histoire. Les deux personnages principaux sont vraiment attachants. Tous les deux vivent de façons très différentes un vécu douloureux. Leur opposition est graphiquement bien menée (je suis un peu moins convaincu par les dialogues). J'ai particulièrement aimé le travail du dessinateur sur les expressions de visage. Celui d'Elianor en bas de la page 11 m'a ainsi fait hurler de rire !
Un album d'une poésie sans nom! Des personnages plein d'énergie et de vie (il faut voir la petite Elie dans ses délires émerveillés!) Un graphisme et des couleurs qui dès que vous l'avez commencé, vous donnent l'envie de le lire jusqu'au bout. Une très grande réussite!