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n 1864, la guerre de Sécession fait rage aux Etats-Unis. Sudistes et Nordistes s’entretuent dans une lutte fratricide et nombreux sont les soldats qui ont perdu toute conviction idéologique. C’est le cas notamment d’un petit groupe de Confédérés, amené par le sergent Forest, qui a eu vent d’un pactole enfoui au cœur d’un bayou. Leur choix est vite fait : ils désertent l’armée pour tenter de récupérer le magot. Malheureusement, l’or attire également les habitants du « Petit Peuple » composé de lutins, centaures ou autres farfadets.
Comment concilier guerre civile américaine, chamanisme, fantastique et chasse au trésor ? Une mission a priori impossible… Pas pour Ozanam qui signe avec Last Bullets un album digne d’un opéra baroque. Le tragique côtoie le saugrenu dans un mélange de genres donnant au récit une complexité parfois difficile à appréhender. Potions hallucinogènes, trahisons, rébellions, amour perdu… Tout s’entrelace dans ce qui peut ressembler à un immense patchwork. Aucune place pour la poésie qui aurait pu émerger de la rencontre avec quelques personnages fabuleux issus du folklore français. Ici, tout n’est que cruauté, barbarie et bestialité. Une ambiance qui sied plutôt bien au dessin de Lelis, un auteur brésilien au trait expressif, utilisant la couleur directe sans encrage, qui donne à l’ensemble une touche très gore. Le sang gicle, les faciès sont déformés par la douleur tandis que la sauvagerie transpire de chaque visage. Pourtant, certaines scènes, notamment quand il s’agit de dépeindre les combats, manquent parfois de lisibilité et apparaissent brouillonnes.
Last Bullets est sans contexte une curiosité tant par son thème que par son graphisme, très particuliers. A prendre comme tel, en tout cas, à défaut d’être déçu par un album dont la douce folie ou le furieux désordre peuvent finir par désarçonner le lecteur.
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