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érusalem, en l’an 27. De retour au pays après cinq années passées à Rome, Messala, devenu tribun de l’empire romain retrouve son ami d’enfance, Juda Ben Hur, prince de Judée. Malgré le bonheur des retrouvailles dans les splendides jardins du palais de la colline de Sion, leur conversation amicale tourne court à l’évocation de l’emprise de Rome sur le royaume de Judée. Une amitié mise à mal par les ambitions de conquête de l’un et la soif de liberté de l’autre. Un vent de colère souffle sur Jérusalem et un dramatique événement va sceller bien des destins.
Tout comme le film de William Wyler rendu célèbre par la course de chars avec Charlton Heston en 1959, cette bande dessinée est une adaptation du roman écrit en 1880 par Lewis Wallace, général de l’armée de l’Union lors de la guerre de Sécession. Dans une note explicative, le scénariste Jean-Yves Mitton indique son souhait de rester proche du livre : "Puissé-je restituer ce roman dans toute sa profondeur tout en empruntant au 7e Art un peu de sa colossale mise en scène avec les outils plus modestes qu’offre le 9e Art."
Bien plus fidèle à l’esprit du roman qu’à la forme édulcolorée recherchée par le cinéma, l’adaptation de Jean-Yves Mitton se veut plus foisonnante en références judaïques. L’action passe au second plan pour laisser plus de champs à l’évocation du Messianisme biblique qui dévorait alors la Judée. Un autre thème, intemporel celui-là, est abordé sur le plan historique : l’éternel conflit des cultures pour la possession de la terre d’Israël qui, à cette époque, est une Province romaine sous le joug de l’empereur Tibère. Messala et Ben Hur représentent cette confrontation entre deux civilisations ennemies. Malgré le nombre important des dialogues et une histoire qui a été maintes fois revues, cette version plus que périlleuse est à la hauteur de la tâche.
Graphiquement, l’influence des décors monumentaux des péplums cinématographiques est bien réelle et remarquablement bien rendue. La ville sacrée de Jérusalem et ses environs prend vie sous les yeux du lecteur. Le trait est des plus classiques mais savamment précis ce qui confère aux visages, une belle palette d’expressions. Une belle réussite rehaussée par les couleurs vives de Jocelyne Charrance.
En conclusion, cette grande fresque biblique bien que fictive, restitue avec brio toute l’envergure et les grands thèmes de l’œuvre originale : Ben-Hur, a tale of the Christ. Ce Livre 1er, Messala, trouvera une suite dans 3 autres tomes à paraître.
Je suis plutôt un fan de l'oeuvre de Mitton. Aussi, cette reprise d'un grand classique cinématographique m'a plutôt ravi. L'auteur revient aux origines du roman pour retracer fidèlement la destinée de Ben Hur avec un côté plus messianique. Cela se fera en 4 tomes alors qu'il en avait prévu 3 initialement.
Le premier tome nous fait entrer dans le conflit qui oppose le tribun romain Messala avec son ancien ami Ben Hur qui se termine par une disgrâce aux accents de tragédie grecque.
Le second tome traite de la fameuse bataille navale : une armada de 140 navires face à la redoutable flotte macédonienne pour réouvrir une route commerciale vers l'Empire. Ce sont aussi les années de galère du prince juif.
Le troisième tome fait la part belle à la célèbre course de char qui en a fait un monument du cinéma avec Charlton Heston dans le rôle principal. C'est aussi l'heure de la vengeance qui a sonné. Il croise notamment le personnage du Christ qui lui prône le pardon. Intéressant parrallèle...
Mitton a fait preuve de beaucoup d'audace en adaptant une histoire archi-connue et en dévoilant des aspects méconnus. Pour autant, j'aurais préféré une oeuvre tout à fait originale. Cela dit, on voit que la maîtrise du scénario est quasi parfaite. Vae Victis a véritablement servi de tremplin. Nous avons un véritable connaisseur de cette période trouble et passionnante. Une belle saga à suivre !