A
quarante ans, Lulu est écrasée par le poids d'une vie qu'elle ne maîtrise pas. A la suite d'un énième entretien d'embauche raté, elle décide de prendre son temps avant de rentrer auprès de son mari et de ses trois enfants. Arrivée sur la côte, elle semble enfin libérée. Mais ce qui lui arrive vraiment, tous ses proches ne le savent pas. Quelques temps plus tard, l'un deux, Xavier, prend la parole et raconte ce qui est arrivé à Lulu durant ses semaines d'escapade, ses rencontres, son état d'esprit, sa nouvelle vie.
C'est une femme fatiguée, éprouvée, qui apparaît dans les premières pages. Lulu est naturelle, vraie. Etienne Davodeau a souhaité, à travers elle, faire le portrait d'une femme ordinaire, immergée dans la réalité quotidienne. Au fil de son aventure, l'héroïne devient belle à sa manière. Les sourires illuminent un visage éteint, sa nouvelle liberté lui permet de sortir de l'ombre dans laquelle elle s'enfermait auparavant.
Coutumier des récits mettant en scène des personnages proches de monsieur et madame-tout-le-monde (comme dans le très bon Quelques jours avec un menteur), l'auteur traite avec pudeur et délicatesse le mal-être et la renaissance de Lulu. La force de ce récit ne réside pas dans l'originalité du scénario mais dans le traitement des émotions. Tout le monde a, un jour dans sa vie, ressenti de l'impuissance face à sa propre vie, voulu changer le cours des choses. Lulu est le miroir de tous ces gens qui ne sont jamais allés jusqu'à s'enfuir et recommencer leur vie.
L'ambiance aurait pu être noire, pessimiste, morose. Mais entre les tons sable typiques de Davodeau et le sourire de l'héroïne, la douceur et l'espoir prédominent. Le rythme aurait pu être lent, suivant une logique chronologique classique. Pour contrer ces effets, l'auteur donne la parole aux proches de Lulu, assurant ainsi un va-et-vient entre la soirée présente et le passé vécu par leur amie. Le voyage intérieur de la protagoniste, le récit très contemplatif, trouvent un certain dynamisme grâce au choix de laisser la parole à d'autres pour le conter.
A la lecture de Lulu femme nue il est impossible de ne pas s'abandonner à un sourire tant il y a d'insouciance et de liberté dans ces pages. Plus que l'histoire d'une femme c'est un message d'espoir et de vie que transmet l'auteur. Mais si ce premier livre conte les premiers jours de liberté de Lulu, il faudra patienter pour connaître la fin de son aventure, à venir dans le second tome.
Pour suivre la progression du second livre, voir le blog de Lulu
Lulu craque ; à l'âge où normalement on commence à être stable dans ses pompes, Lulu elle est prise dans un tourbillon de détresse. Le chômage, les jumeaux.. et surtout la goutte d'eau qui fait que parfois, au lever d'un matin ordinaire, tout va basculer. Lulu n'a pas pris une bombe sur la tête, mais certainement, sans le vouloir vraiment d'ailleurs, elle n'en était plus là, elle en a envoyé une dans celle de ses proches : Lulu a disparu. Que s'est-il passé durant ces quelques semaines d'absence dans la vie de Lulu ? C'est ce que nous fait découvrir ce diptype pudique, aux couleurs tièdes, comme une plage de sable ou un sentier d'automne. Tout est délicat et sans jugement dans l'approche de Davodeau, non seulement on lui pardonne à Lulu mais on se verrait bien à sa place quand on n'en peut plus. Si mon seul regret se situe au niveau des personnages assez mal dessiné, surtout les enfants aux traits trop durs, le livre est un pur bonheur, troublant d'ailleurs. J'ai beaucoup aimé, surtout qu'Etienne Davodeau est un de mes chouchous, à travers ses chroniques sociales il a l'art de nous bouleverser.
Histoire en 2 tomes qui narre la vie d'une femme ordinaire de 40 ans sans emploi. Après un unième entretien d'embauche, elle décide de ne pas rentrer chez elle retrouver un quotidien trop pesant. Elle va s'offrir un moment de liberté. Ce moment nous est conté par ses amis réunis chez elle par le biais de flash back.
Une fois commencé, on a du mal à s'en détacher...
Qu'est ce qu'une vie ordinaire ? C'est un peu le fil conducteur de l'histoire de Lulu. Une femme comme on en croise tous les jours, ni moche, ni belle, plutôt quelconque comme son mari. Une mère de famille qui a oublié de penser à elle. On est loin des canons de beauté que l'on rencontre dans les BDs d'espionnage ou d'aventure. Ici la beauté de Lulu est intérieure, elle filtre de son regard étonné, de cette envie soudaine de découvrir des sensations oubliées, de cette curiosité et en même de cette urgence de vie qui émane d'elle. Le mode narratif est intéressant et passe par l'intermédiaire de Xavier, témoin forcé et surpris qui donne à l'ntrigue, somme toute banale, un côté aventureux et voyeur. Cette construction rend l'histoire très attachante d'autant qu'elle est illustrée par des planches bien construite.
Quand une BD vous fait passer la pensée suivante 'Et après ?' c'est tout bon... Oui, en effet, cette oeuvre de Davodeau est excellente pour ne pas dire plus.On se laisse porter par cette discussion genre voyeurisme de tout un groupe d'amis qui se disent 'mais qu'est-elle devenue ?'. On se croirait autour de cette table sur la terrasse, à attendre de savoir ce qui est arrivé à Lulu, prêt à boire notre bière ou notre thé et on attend... Vivement la suite....
Lulu recherche du travail après avoir élevé ses trois enfants et après une nouvelle déconvenue fait le domicile buissonnier sans l'avoir prémédité. Son mari est furieux, et ses amis s'interrogent mais laissent leur amie vivre son aventure.
On retrouve avec plaisir le style Davodeau dans cette escapade dans une vie ordinaire. Mais cette fois il y a un acte hors du commun qui amène à remettre en cause cette vie sans histoire. Et on se passionne et on s'inquiète pour l'avenir de cette femme qui ose sortir des sentiers battus et fait des rencontres. Car Davodeau nous laisse avec beaucoup d'interrogation. Vivement la suite.