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oshio et Yûki, de retour sur la terre ferme après une mission sous-marine, descendent prendre un verre dans une cave de Shijuku. Ils constatent qu’il y fait étrangement chaud pour un mois de novembre et que de nombreuses cigales stridulent encore un peu partout. Tandis qu’ils lient connaissance avec Reiko, leur voisine de table, un drôle de scientifique débarque en inscrivant des signes sur les murs. A peine celui-ci a-t-il expliqué son geste que le sous-sol subit une secousse sismique et commence à s’enfoncer lentement. Comprenant que l’immeuble entier risque d’être englouti par une tornade souterraine, Toshio, Yûki, Reiko, qui est pompier, et le professeur Takodoro entreprennent d’évacuer la cave.
Adaptation d’un roman d’anticipation éponyme de Sakyou Komatsu, La submersion du Japon met en scène la peur des cataclysmes et des catastrophes naturelles que le pays connaît bien. Après une présentation succincte des personnages, Tokihiko Ishiki fait directement pénétrer le lecteur au cœur de l’action. A l’instar de la plupart des films du genre, le sentiment d’urgence prédomine et on assiste donc aux exploits des héros pour sauver ceux qui se trouvent dans l’immeuble. Sans surprise, le degré d’intensité ne cesse d’augmenter selon le rythme auquel s’enfonce le bâtiment. Angoisses, peur d’y rester, envie de survivre sont forcément au rendez-vous, ainsi que les inévitables moments cruciaux où le dénouement – heureux - ne tient qu’à un fil. Cependant, la panique des personnes coincées dans la cave n’est guère mise en avant et le mangaka s’intéresse surtout au ressenti de son quatuor de choc. D’ailleurs, ce sont les états d’âme de ces quatre-là et leur caractère respectif qui attisent le plus l’intérêt. On s’interroge particulièrement sur l’asociabilité de Toshio qui déambule avec des écouteurs visés aux oreilles, non pour écouter de la musique mais bien pour se soustraire au bruit ambiant qu’il ne supporte pas. Par ailleurs, l’auteur souligne également la superficialité des passants qui ne remarquent pas l’effondrement de la bâtisse ou, au contraire, qui ne cessent de photographier ce désastre en rigolant sans se rendre compte qu’il était question de sauver des vies humaines… Réaliste mais inégal, le dessin de Tokihiko Ishiki taille à la serpe des visages et des attitudes, hachure des fonds et joue sur des cadrages cinématographiques plus ou moins bien sentis.
Ce premier tome de la Submersion du Japon possède surtout l’avantage de rencontrer un écho dans le dérèglement climatique actuel et dans l’augmentation de phénomènes naturels cataclysmiques. Pour le reste, il s’agit d’un début de série qui n’a rien de bien original dans son genre. La suite dira peut-être si l’aspect écologique est plus approfondi.
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