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ew York, 1939. Un homme mystérieux est à la recherche de Ben Koch. Ce dernier fait mine de l’ignorer. Il est lui-même à la poursuite d’une ombre, un fantôme du passé.
Jeu de dupes, de piste, d’ellipse, cette traque étrange se nourrit d’allers-retours dans le temps et l’espace et entraîne le lecteur, à l'orée de la seconde guerre mondiale, de Barcelone à Manhattan. La montée des totalitarismes, l’avènement du franquisme sont autant de désillusions. "C'est le temps des prophètes, des prophètes qui œuvrent à la plus grande des merveilles : rendre séduisantes pour les hommes des doctrines qui reposent avant tout sur la force". S’il est minuit dans le siècle, l’heure est aux règlements de compte… Pour qui sonne le glas ?, interrogeait justement Hemingway. Car c’est l’ambiance de la guerre d’Espagne que Felipe Hernandez Cava fait revivre, son climat mais aussi l’agitation que provoqua ce conflit par delà les frontières et les esprits. Il s’agit pour cela de donner corps à l’Histoire, de lui trouver des figures en qui s’incarner. En l’espèce, guère de héros, tout au plus des lâches, au pire des assassins. Le premier rôle est ainsi confié à un personnage lisse à qui seul le désir de vengeance confère un semblant de relief. La vie de Ben Koch n’est que fuite en avant. S’il a combattu auprès des Brigades internationales, c’est un peu malgré lui. Balloté par les événements, Ben ne s’appartient pas. S’il se révèlera progressivement dans l’action, d’autres décideront pour lui comme pour ceux qui luttent avec sincérité et courage. Tous seront sacrifiés sur l’autel d’un idéal qu’ils croyaient défendre et l’espoir, celui de Malraux, de s’éteindre avec eux. Le crayon gras, les subtiles couleurs pastel de Bartolomé Segui font le reste. Le New York des années trente s’anime d’une vie presque indécente quand la grisaille semble étreindre les scènes où se brisent les dernières offensives républicaines. Le récit de brasser le réel comme autant de références. Et la narration d'emprunter aux codes du thriller paranoïaque et de l'intrigue politique, du roman noir pour finalement se teinter d’une touche de fantastique.
Surtout, au détour de cette singulière réflexion sur la mémoire, affleure une profonde mélancolie. Celle-là même qui douze ans auparavant imprégnait Le Piège dans lequel Cava évoquait déjà ce tournant de l’histoire. L’ouvrage a récemment été publié aux éditions Actes Sud - l’An 2.
Je suis surpris de voir autant de bons avis pour une bd qui m'a paru franchement médiocre. Il y a beaucoup mieux dans le genre historique. J'ai trouvé le scénario particulièrement confus.
Il est question d'un règlement de compte entre deux hommes à New-York en 1939 mais sur fond de guerre d'Espagne. Maintenant, chacun est libre d'apprécier. Cependant, je dois bien avouer avoir lu beaucoup mieux au cours de mes nombreuses lectures.
Ai-je alors été aussi aveugle que les serpents sur les qualités de cette bd ? C'est vrai qu'il y a de nombreuses subtilités qu'il faut comprendre entre des personnages qui naviguent entre différentes factions de luttes armés par exemple, les branches communistes qui se font la guerre dans la guerre opposant les républicains aux franquistes.
Il faut dire que les auteurs ne facilitent pas la tâche puisqu'ils ne font même pas un tableau historique de la situation. Je suis pourtant un passionné d'Histoire mais là, je me dis que le commun des mortels risque fort de ne rien comprendre. Alors, chapeau pour ceux qui ont eu plus de clairvoyance que moi !