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ire que la vie de Iannis Klinkert a basculé en quelques jours serait un euphémisme. Ce jeune docteur allemand, parti rejoindre le Brésil pour exercer son métier, connaît les pires déboires depuis le décès accidentel de ses parents adoptifs. Tout a commencé avec un bout de tissu laissé en héritage qui suscite bien des convoitises, un "Schin" brodé qui semble être la clé d'une organisation secrète à laquelle le père de Iannis appartenait. AU cœur de la forêt amazonienne, Ariane Morel, la fille de l'un des fondateurs, se laisse aller à quelques confidences sur les origines de cette mystérieuse association. Traqué par Schultz et ses hommes, le médecin souhaite rejoindre le domaine de son géniteur. Mais là encore, il n'est pas au bout de ses surprises.
Avec Le Cercle de Minsk, Frank Giroud renoue avec ses thèmes de prédilection : la religion, les secrets de famille, le tout sous fond de thriller historique. Après deux tomes très dynamiques émaillés de courses-poursuites, d'assassinats ou de rapts en série, le troisième se veut beaucoup plus apaisée et se présente en deux parties presque égales. La première apporte son lot de révélations concernant le Cercle proprement dit, tandis que la seconde lève le voile sur le vrai visage de Matthias Kuhn, le père de Iannis.
Cette série est, comme à l'accoutumée avec Giroud, fort bien documentée. Il revient sur les périodes troubles ayant suivi la deuxième guerre mondiale : la création de la Stasi en RDA et du KGB en URSS, le sort des œuvres d'art volées par les allemands ou le rôle obscur des banques suisses. Voilà pour l'aspect historique. Côté fiction, l'auteur nous ressert une énième recette du "petit groupe d'amis souhaitant changer le monde". Quelques particularités viennent cependant égayer ce récit d'apparence plutôt classique : le lieu tout d'abord, au fin fond de l'Amérique du Sud, les personnages, ensuite, dont la véritable nature se révèle progressivement, les aspirations du Cercle de Minsk, enfin, utopistes à souhait mais, plus étonnamment, philanthropes.
Si Frank Giroud marque le pas avec le scénario d'Au nom du père, présenté comme un tome de transition, il en est de même pour le dessinateur, Jean-Marc Stalner. Dès les premières pages, les visages semblent moins précis, les décors moins fouillés, donnant un résultat parfois brouillon qui dénote fortement avec le travail très prometteur des deux albums précédents.
A défaut d'un coup de fouet salvateur, Le Cercle de Minsk, désormais publié aux éditions Glénat, risque de décourager bon nombre de lecteurs, y compris les plus fidèles admirateurs de Frank Giroud.
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