S
ir Jack Bolton fait un peu tache dans l'Angleterre du XVIIe siècle. Alors que Cromwell, puritain en diable, fait régner une morale des plus austères dans tout le Commonwealth, le bougre s'encanaille avec tout ce que la ville compte d'ivrognes et de putains. Une sombre histoire de vengeance finira par le sortir de sa vie de débauche, le propulsant dans une lutte qui fait rage entre catholiques et protestants.
Un fond historique solide doublé d'un scénario bien ficelé, il n'en faut pas plus à François Debois pour tenir le lecteur en éveil du début à la fin et lancer sa nouvelle série sur de bons rails. Il ne s'arrête pourtant pas là et mêle à cette intrigue au caractère très réaliste une bonne dose de fantastique qui vient agréablement relever l'ensemble. Le mythe du Dieu des Cendres, un ancien culte d'origine celtique perpétué par les vikings en leur temps et qui compte encore de nombreux adeptes dans le XVIIe siècle peint par les auteurs, est ainsi au centre de toutes les questions soulevées dans le premier volume. À ces questions, le scénariste apporte déjà nombre de réponses et évite sans encombre l'écueil d'un tome purement introductif.
D'un premier abord, les différents personnages paraissent très représentatifs du contexte historique ainsi que du genre littéraire dans lesquels ils s'inscrivent, mais ils font également le charme de cette histoire. Entre le jeune lord dont l'innocence ne fait pas long feu et la belle servante rebelle, en passant par l'ami rencontré au front, tous frôlent le stéréotype avant de s'en écarter grâce à un comportement et des répliques où le naturel l'emporte sur la figure imposée. Finalement, ils s'intègrent sans peine dans un univers qui associe avec une certaine habileté fiction et réalité. Le graphisme d'Alberto Jiménez Alburquerque, juste équilibre entre le réalisme des décors et le côté plus « cartoon » des personnages, s'y marie d'ailleurs très bien. Agrémenté des couleurs impeccables de Sandrine Cordurié, ce dessin très vivant participe grandement à l'impression résolument positive laissée par l'album.
Bonne surprise de la collection Soleil Celtic, Le Dieu des Cendres prend la tournure d'un divertissement de qualité, intelligent dans sa construction. Enfin une série aux accents de fantasy dont l'aspect très typé est plus rassurant que désolant, telle pourrait être la conclusion à tirer de ce premier tome. En attendant la suite et fin dans le deuxième.
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