U
n jeu de plate-forme, un petit barbare qui n’a pas l’air d’avoir inventé l’eau tiède, des Blorks plus hideux et dangereux que jamais. Pour passer le niveau suivant, l’encasqué aux yeux globuleux va devoir exterminer les créatures adipeuses et vérolées, au regard dénué de la plus élémentaire trace d’intelligence. Ou sortir d’un labyrinthe ou d’un parcours semé d’embuches. Ou tout à la fois. Sans y parvenir. Jamais. Game over.
Game over, c’est entendu, c’est toujours la même chose. Une planche pour décrire l’échec du petit personnage fétiche que Kid Paddle guide depuis une quinzaine d’années au cours de ses parties de jeu vidéo. L’idée de lui consacrer une série à part entière, ou tout du moins de lui offrir ses propres gags, relève autant de l’évidence que du défi (laissons de côté les éventuelles considérations commerciales pour se concentrer sur le plaisir). Le potentiel comique est là mais la question du renouvellement, y compris dans le registre du running gag, rend la mission des auteurs sacrément ardue. Y aurait-il un lien de cause à effet avec le fait que trois créateurs sont crédités pour cet album ? La principale question demeurant : comment relancer perpétuellement la machine avec la même efficacité ?
Grâce à des atouts évidents. D’abord, il y a ces personnages, superbes spécimen de crétinerie qu’il n’est jamais désagréable de voir disparaître, y compris dans les circonstances les plus sanglantes. Le portrait du court sur pattes a déjà été dressé, mais l’autre représentant de la race humaine vaut également son pesant de ricanement. Et elle en subit des vertes et des pas mures, l’ersatz de Berthe aux grands pieds, qui n’a pas oublié d’être blonde, coiffée à la mode Leia et attifée d’une simili-nuisette à frou-frou et à coques mammaires indéformables : un vrai tue-l’amour cette princesse-là ! Au point de se demander ce qui peut motiver celui qui tente de la sauver. Ce personnage, enfin surtout le sort qui lui est régulièrement réservé (elle en réchappe une fois ou deux tout de même), c’est probablement ce qui permet à Game over de ratisser au-delà des jeunes adeptes de Kid Paddle. Car il faut bien dire qu’on entre souvent de plain-pied dans le registre du bête et méchant qui plaira particulièrement à leurs ainés. Ceux-ci ne cracheront pas non plus sur la représentation des grosses bestioles à la gestuelle aussi limitée que l’expression, mais capables de vous arracher un sourire rien qu’avec un gourdin levé, une lippe amorphe ou un freinage sur les talons du plus bel effet.
Dans la gamme des titres entrés à jamais dans la postérité, Gouzi gouzi gouzi est digne du Boing ! Boing ! Bunk ! de la série-mère (ce qui vaut toujours mieux qu‘un a-peu-près vaseux faisant référence à une œuvre de légende). Mais il est probablement plus convaincant dans sa démarche de descendant de Vil coyote, pas plus bavard, un peu plus moderne et avec une petite touche de gore rigolo qui lui va bien au teint.
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