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ujourd’hui est un grand jour : Louis et son père vont passer la journée à la plage. Levé de bonne heure pour ne pas en perdre une miette, le bambin tout en joues et haut comme trois pommes va découvrir que ce terrain de jeu théoriquement idyllique accueille nombre de gens aux attitudes bizarres et recèle de réels dangers. Heureusement, en cas de coup dur, son fidèle doudou, un âne énergique qui n’a pas froid aux yeux, sera là pour le sortir d’affaire…
Trois ans après Louis au ski, Guy Delisle revient avec une nouvelle histoire d'enfant, sans parole et reposant sur un gaufrier et découpage qui s'approche par instant de l'animation. L’occasion d’installer son petiot dans un rôle d’observateur privilégié prompt à s’étonner de comportements qu’on ne relève même plus et que, pire, nous devons être capables d’adopter sans en être conscients en nous abandonnant à la norme. Rien d’extravagant cependant, seulement du très ordinaire mais qu’un peu de recul permet d’apprécier autrement. Sont bizarres ces parents quand même. Y compris son papa à lui, qui n’hésite pas à engager la conversation avec des femmes, avenantes ou non, et qui sans qu’on sache pourquoi lui refuse une glace à un moment, avant de l’encourager prestement à aller en chercher une à un autre. Mais, de ces situations et de ces revirements Louis, pour petit qu’il soit, sait en jouer.
Que dire également de ces gamins ? Logiquement disposés à partager ses observations, voire ses angoisses, ils ont l’air de ne pas appartenir à la même planète. L’un mange des glaces à longueur de temps sans se départir de la morve qui lui pend au nez, un autre a un comportement de tempête tropicale alors que Louis serait plutôt à classer dans la catégorie des brises légères. Pas un moment de répit, sauf peut-être le temps de s’évader au pays des rêves en extrapolant, en transformant un danger banal en aventure épique.
De la même manière qu’on avait été surpris de voir Lewis Trondheim avancer un Mister O après son Mister I, sur un mode présentant des similitudes, Guy Delisle offre donc une deuxième aventure à Louis. S’il existait une dimension de défi en matière de construction pour le premier volet, c’est dans la capacité à exploiter la veine tout en se renouvelant que reposait le second, avec le même sens du rythme. Les insensibles de la première heure abandonneront le gamin à ses jeux de plage et l’auteur à ses études, tandis que les autres, tout en appréciant la maîtrise technique, s’offriront un nouveau quart d’heure d’innocence. Dans un monde de brutes ? Oui, il y a de ça…
>>> Chronique Louis au ski
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