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arrow, Alaska. Le 22 novembre 2001, ce trou perdu de l'hémisphère nord est pris d’assaut par une horde de vampires qui profitent des 30 jours consécutifs d’obscurité offerts par la nuit polaire pour massacrer la majorité de cette petite communauté. Malgré des preuves irréfutables, le reste du monde, incrédule, refuse toujours de croire à l’existence des monstres.
Trois ans après le carnage, Brian Kitka revient dans sa ville natale en tant que nouveau shérif, bien décidé à comprendre ce qui a poussé son frère à tuer sa femme et ses enfants lors de cette longue nuit d’hiver sans soleil. A la veille d’un nouveau mois d’obscurité totale, les vampires se mettent en route pour un nouveau festin, avec la ferme intention de corriger les erreurs du passé. Tapis dans la nuit de Barrow, cette fois-ci les morts-vivants ne comptent laisser aucun survivant !
Profitant de la sortie en DVD et Blue-ray disc de l’adaptation cinématographique du premier tome, Delcourt publie le troisième album de cette saga horrifique de Steve Niles et Ben Templesmith. Après le sacrifice d’Eben visant à sauver quelques habitants de l’attaque de Marlow et sa meute lors du premier volet, et la campagne de sa veuve Stella à l’encontre de ces êtres sanguinaires lors d’une suite sans véritable raison d’être, Retour à Barrow va rouvrir une hémorragie qui semblait pourtant sous contrôle.
Poussés par l’irrésistible envie de vouloir à nouveau faire couler le sang, les auteurs retournent donc là où tout a commencé. Un comeback qui permet de réchauffer un postulat de base extrêmement original : là où les victimes potentielles attendent généralement d’être sauvées par le gong d’un soleil se levant avec la régularité d’une horloge suisse, l’aube abandonne systématiquement les habitants de ce désert de glace pendant près d’un mois. En investissant à nouveau ce terrain de chasse paradisiaque pour les suceurs de sang, Steve Niles plonge une nouvelle fois le lecteur au sein d’un huis clos angoissant. Si l’horreur est au rendez-vous et si les créatures horrifiques répondent présentes en nombre, l’effet de surprise a malheureusement disparu. Dès la couverture, cette histoire ravive les souvenirs de l’excellent premier volet aux allures de one-shot. La lecture du journal de William Kitka et des autochtones préparés à cette nouvelle course à l’aube sanguinaire, renforcent cet air de déjà-vu, tandis que les vampires, maintenant pourvus d’armes à feu, ont perdu un peu de leur "charme" et de leur authenticité.
Au niveau du graphisme, la griffe de Templesmith (Fell, Criminal macabre, Silent hill) continue de frapper là où il faut. Une mise en image qui sort de l’ordinaire et accentue l’atmosphère macabre, oppressante et malsaine développée par Steve Niles. Un dessin au caractère particulier, assez déconcertant, qui plante un décor approximatif, restituant parfaitement le côté angoissant du scénario. Une ambiance glauque, un monde d'ombres qui semble filtrer la lumière et l’espoir et qui baigne le tout dans un brouillard aux couleurs tamisées. Une pénombre qui oblige le lecteur à se focaliser sur les détails importants et d’où surgissent régulièrement des crocs acérés effrayants et des giclées d’hémoglobine. Des traits hachurés, torturés, irréguliers et des teintes travaillées qui permettent au dessinateur australien de mettre l’horreur en scène avec grande maestria.
Si le Retour à Barrow n’est pas indispensable, le fait d’y retrouver Ben Templesmith justifie amplement le voyage. Reste à savoir si le quatrième album, confié aux mains de Bill Sienkiewicz, vaudra encore le détour.
L'histoire est malheureusement répétitive et manque d'originalité. J'ai eu souvent l'impression que les dessins ont été bâclés, typique de cette saga. Le traitement des couleurs par contre me laisse toujours admiratif. Je ne suis pas pressé de lire le prochain tome mais je le ferai.