G
otham City est sous l’emprise d’un tueur en série. Les victimes présentent des morsures au cou et semblent avoir été vidées de leur sang. Alors que Batman n’en finit pas de lutter contre le crime organisé, le voici confronté à un ennemi d’une toute autre dimension…
Après Batman et les monstres, Matt Wagner poursuit son entreprise de réécriture des origines du Chevalier noir. L’album s’inscrit dans la continuité du Batman : Année 1 de Frank Miller et retrace les quelques mois précédant l’apparition du Joker (brillamment mise en scène par Loeb/Sale : Long Halloween, Dark Victory…). Gordon n’est pas commissaire mais un simple capitaine aux prises avec une police corrompue. Batman se coltine essentiellement des mafieux et de vulgaires voyous. Harvey Dent, un jeune procureur épris de justice, le soutient discrètement dans ses œuvres nocturnes. À la ville, Bruce Wayne entretient une relation au long cours avec la belle Julie Madison. Tout est encore possible et l’heure des « super vilains » n’est pas venue. A peine trouve-t-on quelques créatures horrifiques issues de l’esprit malade d’un quelconque savant fou.
Mais cet entre-deux est perverti et derrière l’hommage rendu aux pulps et à l’âge d’or de l’homme chauve-souris s’annoncent d’ores et déjà les tragédies à venir. Ainsi les postures très milleriennes du héros évoquent la pierre d’angle en la matière : Dark Knight et Wagner d’intituler son run « Dark Moon Rising ». En convoquant Julie Madison ou le Moine fou, l’auteur ne donne pas simplement dans la nostalgie gratuite, il délivre en réalité une réflexion sur les origines du mythe afin d’en assurer a posteriori la cohérence narrative. Le ton est volontairement adulte, chaque planche est une métaphore préfigurant l’itinéraire du Batman. Le fil directeur de l’intrigue est à rechercher dans ses à-côtés. Et la trame principale de se fondre dans l’accessoire comme si ce moine fou n’était qu’un ersatz, un croquis préparatoire aux véritables sociopathes, ceux qui sèmeront bientôt la terreur dans les ruelles de Gotham et dans le cœur de ses habitants. Entre les apparitions répétées de Sal Maroni, l’homme qui défigurera Harvey Dent, et la dernière planche de l’album annonçant la venue des Flying Graysons – comme un probable troisième tome – , Wagner pose les fondations du genre, rien de moins!
Dommage que cette version 1.5 du héros le plus charismatique de l’univers DC n’ait pas fait l’objet de plus d’attention. Si le scénario est parfaitement conduit, le graphisme parfois peu soigné et la mise en page peu inspirée viennent parfois perturber la lecture. La colorisation de Dave Stewart, qui avait pourtant déjà fait des merveilles sur le précédent opus, peine à dissiper cette impression.
Batman et le Moine fou est la suite directe de Batman et les monstres, sans être à son niveau, car l’histoire oscille entre du bon, du moyen et du pas bon. Malgré tout, l'histoire pose des bases pour des récits futurs.
----> Lire la suite sur https://lecture-dc.fr/batman-moine-fou/
----> En savoir plus sur l'Ordre de Lecture DC Comics sur https://lecture-dc.fr
INTRIGUES 2.5/5
DESSINS 5/5
PERSONNAGES 3.5/5
LES PLUS
Une narration mieux maitrisée avec une bonne ambiance
Préparation de futurs événements de l'univers Batman
LES MOINS
Un final très décevant
Le Moine fou et son acolyte beaucoup trop cliché pour être intéressant