C
ontrainte de s’extasier devant les pitreries d’un patron qui visiblement a du temps à perdre et qui, c’est un comble, n’hésite pas à lui demander des heures supplémentaires en dernière minute, Rosy se morfond. La trentaine passée, le bilan n’est pas folichon, mère seule d’une petite fille dont le géniteur a plié les gaules depuis longtemps, elle éprouve du mal à assumer de front sa vie professionnelle et l’éducation de sa petite. Pour couronner le tout, sa vie sentimentale se réduit à un canard aux vertus dévoilées dans l’album. Mais, sans que ce soit la panacée, la demoiselle a pour elle un sacré tempérament.
Après deux premiers tomes qui s’apparentaient à des recueils de nouvelles avec au centre de chacune son cœur boudiné, Krassinky offre à l’un d’eux l’espace d’un one-shot. Presque trop cartésienne dans son contenu, c’est un peu de son âme que cette histoire perd au passage. Bien menée et rythmée, elle ne parvient pas à se défaire des nombreux lieux communs propres à ces parcours de femmes aux portes de la dépression, portées par l’énergie du désespoir. Il est difficile, de nos jours, de se démarquer dans une production aux proportions dantesques dans le registre des déboires des trentenaires conjugués au féminin. Ce troisième tome de la série souffre d’une inévitable impression de déjà-vu. Cela n’enlève rien au côté sympathique que peut offrir un tel sujet s’il est bien abordé, ce qui est ici plutôt le cas. Rosy s’avère pleine de charme et les personnages secondaires sont à la hauteur du rôle qui leur est imparti. Mais le traitement trouve là ses limites. Le dessin en phase avec l’histoire, simple, maîtrisé et efficace, offre des minois expressifs et une gestuelle parlante. De plus, Krassinsky fait l’effort notable d’offrir des décors travaillés, ce qui donne un véritable plus pour l’atmosphère générale « so british » de l’album.
Des canards et des hommes s’éloigne un peu de l’idée initiale, à savoir les conséquences des formes trop marquées chez la femme contemporaine, pour s’acoquiner avec le concept Bridget Jones. Du pareil au même ? Sans doute, mais, finalement, qu’importe pour ceux qui en sont friand !
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