C
omme dans de nombreuses vies humaines, pour Abel Appleton, il y a eu un avant et un après.
Avant, il avait un physique de présentateur de JT (et ce n’est pas qu’une expression) et l’avenir s’annonçait radieux. Après, à la suite d’une greffe, il doit vivre avec l’avant-bras et la mâchoire d’un autre. Un dénommé Hawkins, archiviste dans l’US Army. Signe distinctif : couvert de tatouages. Le jour zéro, leurs destins se sont unis. A Appleton de découvrir ce qui s’est passé ce jour-là, la signification des tatouages dont il a hérité et pourquoi, depuis, on ne cesse de lui mentir.
Dans Melissa (Delcourt), la précédente création d’Alexis Laumaillé, une jeune fille mourrait par accident dans sa salle de bain. Abel Appleton, lui, est sur le point de se sortir d’un « évènement » (comment le qualifier autrement pour le moment ?) qui lui vaut, entre autres, d’être défiguré. De quoi se dire qu’il vaut mieux naître héros sous la plume de certains auteurs plutôt que de l’imagination d’autres. Et des réflexions de ce genre, qui ne servent pas le crédit du lecteur-chroniqueur, il en émerge une flopée à mesure que le récit progresse. Les amnésies partielles, les multiples tatouages dont le sens et la cohérence échappent, le système de cryptage navajo... Mince, ça va recommencer ! Sans compter le possible le coup de la greffe qui joue un sale tour à son récipiendaire, dont on a plus que soupé, en BD comme au ciné (ah La main du cauchemar, le superbe nanar signé Oliver Stone !).
Et bien, non : coup de règle sur les doigts pris sur le fait dans le pot de confiture des références ! La main du singe est bien plus malin que ça. Il est trop tôt pour dire si les deux prochaines parties seront du même tonneau, mais A. Laumaillé a l’air de savoir où il va et, passé un certain cap, autant s’abandonner à la direction qu’il souhaite nous voir emprunter. L’organisation de son jeu de pistes autour de ce jour zéro, dont les tenants et les aboutissants seront probablement révélés le plus tard possible, avec force flashbacks relatant les vies d’Hawkins et d’Appleton et déroulant l’existence de celui-ci après son réveil, est parfaitement huilée. Tracé linéaire pour l’ « après », sauts en arrière plus ou moins heurtés pour l’ « avant », mais les deux sont livrés sous forme de séquences tandis que les aperçus du jour zéro sont furtifs, au point de ne donner lieu parfois qu’à une seul case. Cette construction et ce rythme syncopé s’accompagnent d’un dessin sans charme particulier mais qui contribue à installer cette prenante ambiance générale. Mention spéciale à ces gueules de mecs, recousues ou non, qui contrastent sans équivoque avec le teint lisse des femmes et des enfants, et aux couleurs qui soulignent, sans trop en faire, les changements de dates.
Non, La main du singe n’est pas un Memento (C. Nolan - 2000) qui aurait joué au bonneteau avec sa chronologie. Son entrée en matière est futée et suscite plus d’espoirs que de craintes (un second volet qui noie le poisson et un dénouement banal, par exemple). Pourvu que ça dure !
Curieuse histoire.
Un banal accident de la route fait de notre héros un paria obligé de se séparer de sa famille. Obligé à se nourrir avec une paille il est porteur d'étranges tatouages qui semblent être au coeur de l'histoire.
Ex-présentateur vedette de TV il va se transformer en journaliste d'investigation pur résoudre le mystère de son accident avec l'aide de son infirmière pas si innocente que ça dans ce drame.
Le scénario est un peu trop alambiqué et donc trop peu crédible. Il est servi par des dessins absolument pas à la hauteur tant il paraissent baclés.
Pour moi l'aventure s'arrêtera là.
Une grosse déception.
3/10.