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ars 1902, Le Havre. Le Belem s'apprête à appareiller pour sa douzième campagne, en direction des Antilles. A bord, les hommes sont impatients de goûter au double plaisir des femmes et du rhum. A leur arrivée dans le port de Saint-Pierre, la déception est de mise car ce dernier ne peut plus accueillir de nouveaux mouillages. Le Trois-mâts se replie vers le havre du Robert. Ce coup du sort sauvera peut-être la vie de l'équipage car sur l'île, la Montagne Pelée semble se réveiller.
Le Temps des Naufrageurs est un album dont le succès repose sur les qualités narratives et graphiques mises en œuvre de Jean-Yves Delitte pour narrer les aventures du Belem. Face à la réussite de cette première expérience, les différents acteurs du projet ont souhaité poursuivre la série, dorénavant prévue en quatre tomes.
Ce second volet, consacré au voyage effectué par le Belem en Martinique en 1902, relate son arrivée sur place et les quelques jours précédents l'éruption volcanique la plus meurtrière de la Montagne Pelée avec près de 30 000 victimes. Bien qu'il s'agisse d'une fiction, le propos n'en est pas moins réaliste et sans doute reflète-t-il une certaine idée du déroulement des évènements. Car l'auteur s'attache à décrire l'inertie du pouvoir politique en place, aveugle face aux signaux et autres inquiétudes relevés par diverses personnes face aux changements du mont. L'entêtement de ces dirigeants a conduit à l'une des catastrophes les plus traumatisantes durant laquelle des nuées ardentes réduisirent à néant la ville prospère de Saint-Pierre et sa population. Et le Belem dans tout cela ? Le sort a voulu qu'il soit contraint de s'installer de l'autre côté de l'île, installant son équipage dans le rôle de spectateur impuissant devant la bêtise des hommes et une nature déchaînée.
A l'instar du premier, cet album délaisse le célèbre Trois-mâts en faisant la part belle à la Martinique avec ses paysages magnifiques. L'auteur y décrit une île paradisiaque, le tout superbement mis en valeur par les couleurs de Patricia Faucon (Belem, Les Brigades du Tigre, Le Décalogue). Delitte s'attache aussi à décrire les discussions entre les différents notables de l'île, sur le mode d'une chronique de mort annoncée.
Enfin, au-delà de la simple anecdote, il est à noter, sur la couverture et à partir de la planche quarante-et-une, une petite ancre accompagnant la signature de l'auteur. Il ne s'agit nullement d'une quelconque coquetterie, mais de sa nomination reçue pour son travail et sa mise en valeur du patrimoine maritime. Jean-Yves Delitte a rejoint le club très fermé des Peintres Officiels de la Marine. Cette distinction est intéressante car elle contribue à mettre en lumière les nombreuses qualités du neuvième art. Ce deuxième volet des aventures du Belem en est la parfaite illustration, notamment du fait de sa précision et de sa valeur de témoignage.
Cette nouvelle traversée du Belem atteint une intensité dramatique car au bout il a l'explosion de la montagne pelé et la destruction de St Pierre.Tout le récit amène vers l'inéluctable malgré les efforts d'un journaliste pour faire bouger les autorités. Dommage que les suites de la catastrophe ne soient pas racontées et notamment les efforts du Belem pour trouver des rescapés, on reste un petit peu sur notre faim.
Mais pour Delitte l'histoire n'est qu'un prétexte à dessiner magnifiquement les bateaux et les paysages marins ou iliens.
Un très bel ensemble.
Grandiose, sublime. Voilà les mots qui me viennet à l'esprit en évoquant la lecture de cette BD.
Le scénario tient la route et le Bélem sert de prétexte à l'histoire de l'éruption de la Montagne Pelée au début du siècle.
Les personnages sont attachants.
Mais c'est par son souçi du détail que l'auteur excelle. Les bateaux sont si bien déssinés qu'on pourrait y voir le détail des voilures ou des cordages. Certaines pages sont plus proches de la peinture que du dessin.
Indispensable.
10/10