S
arah a suivi son mari, garde forestier, dans une région reculée de la Pennsylvanie. Leur nouvelle maison est superbe, mais la ville de Salamanca n’est pas des plus accueillantes et ses habitants ne le sont pas plus. Mais l’isolement n’effraie pas Sarah, elle semble même en avoir besoin, pour quelques temps du moins. Le temps de se reconstruire, d’en finir avec ses démons intérieurs, de se libérer d’expériences passées traumatisantes. Pour trouver la paix et échapper aux tourments, Salamanca risque pourtant de ne pas être l’endroit idéal…
En ce début d’année 2008, Christophe Bec est en pleine forme. Après un deuxième tome de Bunker très abouti dans sa manière d’associer géopolitique et fantastique et l’ouverture de Deus cherchant à revisiter le thème de la recherche de l’immortalité dans un contexte où la mort déferle par vagues, voici donc un récit d’horreur pure. Contrairement aux deux séries précédentes, il est cette fois seul aux manettes du scénario (même si Stéphane Betbeder est cité dans les remerciements), il ne court pas plusieurs lièvres à la fois et la limpidité, la fluidité des Enfants de Salamanca est un véritable régal de terreur froide.
Comme souvent chez l’auteur, les réminiscences d’autres œuvres, extraites de la littérature ou du cinéma dit de genre, affleurent à volonté. Ce ne sont pas des références, ni des reprises, ni même des clins d’œil mais comme lorsque l’on retrouve certaines inspirations dans des bandes originales de films qui évoquent des passages de « scores » de référence, certains thèmes orchestrés par Christophe Bec rappellent certaines petites musiques entendues ailleurs.
Facile pour le chroniqueur d’essayer de marcher dans ses traces comme cela avait été le cas déjà pour Pandemonium . A cette occasion, le Shining de Stephen King et son interprétation signée Kubrick avait pu être cités. Avec ce premier tome de Sarah, une variation dans le constat est proposée : l’auteur emprunte aussi à son propre répertoire lequel empruntait à…, enfin vous voyez quoi.
Nouvelle arrivée en territoire inconnu en voiture serpentant une route bordée d’arbres vue du ciel, nouvelle créature tapie dans l’obscurité à l’allure lycanthropique propice à vous filer une peur bleue, héroïne schizophrène qui dialogue avec l’esprit d’une petite victime, asile désaffecté qui accueillait des enfants, voilà quelques sillons familiers qui ne semblent pouvoir être creusés indéfiniment. Avec quelques thèmes supplémentaires en prime tels que le serial killer (fantastique détail des bottes jaunes – faute de manteau jaune pour cette crapule bien humaine ?), la famille de dégénérés perdue dans la forêt (des cousins potentiels de la famille de Thomas Brown Hewitt a.k.a Leatherface qu’un film sorti en 2004 flanquait d’une mère obèse) ou encore ce drame qui a privé la ville de ses enfants (et l’on se rappelle au passage de Silent Hill). De quoi naviguer entre les repères chers à l’auteur et lorsque son éditeur ose la comparaison avec l’efficacité d’un Stephen King, ce qui est flatteur sans être dénué de sens.
Christophe Bec multiplie les pistes et les registres (dimension fantastique qui laisse entrevoir des créatures extraordinaires et terreur au quotidien où le danger vient de cet inconnu qui est notre voisin). Il propulse son héroïne dans un labyrinthe mêlant galeries souterraines bien réelles et circonvolutions d’une âme traumatisée. Il mélange les genres en alternant les séquences les plus sanglantes et les scènes de tension durant lesquelles le danger guette, pouvant s’abattre d’un moment à l’autre. Jouer de ces instants où la proie est la plus vulnérable, le plus souvent dans un environnement silencieux et apparemment calme est un ressort qui, parfaitement actionné, transforme ce type de récit en réussite (la visite du plombier, la découverte de la maison voisine). Stefano Raffaele accompagne ces moments de frayeur muette en jouant fréquemment sur les regards. L’économie de textes et la volonté de ne pas surcharger inutilement les décors donnent l’impression de cases surdimensionnées en début d’album mais une fois immergé dans l’histoire, cette option assortie d'une palette de couleurs appropriées donne le rythme et l’ambiance qui lui conviennent.
Bien malin, celui qui peut prédire la voie que suivra la seconde partie de l’histoire de Sarah. Elle n’en a sans doute pas terminé avec ses propres fantômes mais doit-elle se préparer à affronter ceux de la communauté qui l’accueille ? Et encore, s’il s’agissait de sa seule vie…
Après une telle lecture, on demeure terrorisé à moins d'être un amateur de film d'horreur. L'auteur Christophe Bec est un habitué des ambiances fantastiques qui distille petit à petit la peur et l'angoisse (Sanctuaire, Pandemonium ou encore Carthago). Il ne faiblit pas avec le démarrage de cette nouvelle série qui nous emmène dans une maison isolée près d'un petit bourg de Pennsylvanie où viennent s'installer un couple.
Rien qu'en regardant la couverture où une femme est noyée par une forêt lugubre, on est déjà pris par un frisson ! Il est vrai que j'aime bien les ambiances sombres surtout lorsqu'elles sont retranscrites avec un tel dessin. On ne loupe aucune planche tant on est prit dans l'action avec un tel suspense réalisé avec brio.
Cette héroïne schizophrène intrigue réellement par son passé douloureux. Un magnifique récit d'épouvante à conseiller à ceux qui n'ont pas peur !
Tout simplement excellent.
Une ambiance façon "massacre à la tronçonneuse sans la tronçonneuse", une galerie de personnages semblant tous cacher un secret, un scénario haletant avec rebondissement.
Dessins parfaits avec avec parfois de grandes pages sans bulles.
A lire comme on se regarderait un film d'horreur.
10/10
J'aime bien ce que fait Christophe Bec. Enfin, la plupart de ses oeuvres. Et notamment ses courtes séries de série B.
Sarah en est une, qui tire sur l'horrifique et le gore. Le très gore, même. Il s'agit d'une série noire, très noire, et oppressante, très oppressante. Un peu comme son Pandemonium (mais les deux histoires n'ont rien à voir).
La montée en puissance de Sarah se fait sur les trois tomes jusqu'à la toute fin particulièrement marquante et qui va à l'encontre de tout ce qu'on peut lire en matière de BD. Pas d'optimise, pas de pessimisme, juste cette fin "incroyable". Etonnant et réellement marquant. Bravo.
Excellent premier tome de cette nouvelle série. Certainement la BD qui m'a fait le plus peur jusqu'à aujourd'hui. On retrouve l'ambiance typique des films d'horreur américains des années 80. Très bon scénario et même si le texte est absent sur de nombreuses pages, le dessin est très explicite. C'est certain je continue cette série en espérant que la suite soit à la hauteur.
Pour ceux qui aiment Bec et son univers, ne ratez pas cette nouvelle série. Le scénario, les dessins, c'est du très bon. Une héroïne énigmatique, schizo, pas pleurnicheuse... On a vraiment envie de suivre l'évolution de Sarah.
Il va falloir tenir la barre haute pour que la suite tienne toutes ses promesses !!!
Actualisation du 05/04/2014 :
Je m'attaque (enfin) à la lecture des trois tomes. Donc je reviens sur mon avis anciennement laissé du T1 :
Après relecture donc, je confirme mon impression initiale. C'est un très bon album. Des premières planches qui posent vite les pieds dans le plat jusqu'à la dernière case des plus suggestives quant aux tournures futures...
Je l'aime bien cette héroïne : une nana qui a subi les pires sévices & dont on comprendrait qu'elle sombre dans la folie mais elle possède une force de caractère assez impressionnante !
On baigne dans un univers très angoissant avec ce duo Bec/Raffaele que j'aime beaucoup. D'ailleurs, j'ai beaucoup pensé à "Pandemonium" (notamment pour la ressemblance des 2 établissements...), où l'on ressent cette même anxiété.
La case qui m'a le plus frappée reste celle de la femme Westmore assise devant sa télé : sans la dévoiler, tout est présent dans cette image : horreur, dégoût, gêne, honte. Bref, c'est une case d'une grande intensité...
Petit oubli d'une conjonction à la page 49 (de l'édition originale, Dupuis) qui a sans doute été corrigée depuis...
Allez ! Je passe au T2, vite !
Très bonne mise en matière du décidément très prolifique Bec. Une ambiance assez sombre pour ce premier tome, un univers assez typique des séries de Bec. Beaucoup de questions sont ouverte, vivement la suite..., une très bonne surprise ... Ah oui, grand format dans la collection Repérages ce qui rajoute certainement un plus au planche de Raffaele.