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eath Huston est le dernier des Fear Agents, cette unité d’élite texane formée il y a cinquante ans pour défendre la Terre contre les menaces extra-terrestres. La fonction a depuis perdu de son lustre et en ce qui concerne l'homme, ce n’est guère plus reluisant. Le soldat émérite s’est fait mercenaire imbibé, exterminateur d’aliens sur commande, assisté de la charmante I.A. de sa fusée de transport et d’une bouteille de Jack Daniels. Le soiffard de combat n’est pas loin de sombrer lorsqu’il se trouve projeté au cœur d'une conspiration ourdie par des amibes tueuses visant évidemment à anéantir l’humanité… Une bonne biture et ça repart !
Fear Agent, c’est un hommage jubilatoire et appuyé rendu au meilleur de la série B et de la bande-dessinée populaire, particulièrement les pulps typés EC Comics. Dans les années 50, ces magasines mêlaient allégrement S.-F., horreur, fiction militaire et polar tendance hard-boiled, avant de péricliter sous la pression du Comics Code Authority.
Rick Remender (Strange Girl…) succède brillamment à ses illustres aînés et enchaîne les péripéties à un rythme effréné, sans jamais se départir du détachement et de l’humour qui caractérisaient justement les références d’antan, de Wally Wood à Frank Frazetta, de Flash Gordon aux Contes de la Crypte. Sens de la punchline, dialogues ciselés, tirés au cordeau, Remender se coule aisément dans la tradition feuilletoniste des serials, usant à merveille des procédés du genre, de la technique du cliffhanger pour ménager le suspense ou de l'utilisation des ellipses narratives pour accélérer le récit.
La fluidité et le dynamisme du dessin siéent idéalement aux rebondissements d’un scénario volontairement trépidant. Tony Moore (The Walking Dead, Les Exterminateurs), décidément abonné aux genres de seconde zone, parsème son trait énergique de trouvailles visuelles, d’onomatopées tonitruantes et autres fantaisies typographiques particulièrement expressives. Les planches et les couvertures fourmillent de détails cradingues et réjouissants quand il ne s’agit pas d’éclaboussures verdâtres à la provenance plus que douteuse.
Ceux qui se réjouissaient déjà à la lecture de The Preacher, Tank Girl ou The Walking Dead, devraient se délecter des aventures du plus grand poivrot de l’espace !
>>> Lire également la chronique de Bug Brothers, le premier tome de la série Les Exterminateurs
Une aventure cosmique!!!
N'étant pas à la base un grand fan de comics, j'avoue avoir été très surpris par cette oeuvre au final à la frontière de la BD et des feuilles américaines. Heath Huston, le héros a tout du cow boy solitaire, chargé en plus de quelques défauts typiquement texans. La narration à la journal de bord rend très bien pour les péripéties spatiales pour ce Han Solo comique et perturbé. Je conseille, vraiment...