L
a seconde guerre mondiale prend fin et après les combats vient le temps de l'occupation sur les terres du défunt IIIè Reich. Alan Cope va voyager au gré de ses différentes affectations, puis de son emploi en tant qu'assistant d'un aumônier, des forêts de Bohème au sud de la Bavière jusqu'à sa démobilisation et son retour aux États-Unis. L'Amérique ne sera qu'un intermède avant son installation en France.
Alan Cope a sans doute eu un destin commun à de nombreux Américains, pour la première partie du moins. Si son histoire, qui pourrait sembler banale, est parvenue jusqu'à nous, c'est grâce au travail extraordinaire d'Emmanuel Guibert. Des heures d'entretiens enregistrés restituées sur le papier, en bichromie sépia et sur près de quatre cents pages. Ce troisième tome est assurément moins attractif. La tension dramatique générée par la période de guerre qui faisait l'intérêt principal des albums précédents est retombée. L'attrait est ailleurs, dans ses rencontres avec des hommes et des femmes d'exception. Des différentes voies explorées également, de ses hésitations à passer de la vie d'avant à la vie d'après. Tant de petits moments précieux qui accroissent son capital humanité mais qui diminuent la vivacité du récit. L'ennui est par moment sur le point de l'emporter sur le plaisir de retrouver les pérégrinations du soldat Cope.
Alan Cope est décédé en 2000 après avoir eu une existence exceptionnelle du point de vue de sa relation aux autres. Ce n'était pas un héros de guerre, ce n'était pas un grand homme au sens politique ou autre du terme, juste un être qui a traversé le vingtième siècle et ses turpitudes et qui a accepté que l'on couche sa vie sur le papier. Pour qu'une trace indélébile reste à jamais ? Il n'aura jamais l'occasion d'en contempler le résultat mais le début du XXIe siècle sera, pour lui, celui du souvenir et de l'hommage. D'un homme ordinaire, Emmanuel Guibert a fait un témoin, un passant solitaire de l'Histoire, prêt à s'épancher sur son passé et sur ce qui pourrait sembler être d'insignifiants détails pour les autres. Intelligemment mis en image, le rythme est à l'unisson des faits évoqués : lent. Le calme après la tempête, la recherche du chemin idéal et l'amitié en guise de bouée de sauvetage.
Un troisième tome un peu triste moins haletant que les précédents mais qui conclut un voyage qui restera dans les mémoires.
Découvert les trois tomes de "la guerre d'Alan" à la bibliothèque.
1er tome excellent, l'ambiance des jeunes recrues américaines en formation dans un immense camp d'entrainement, et partant finalement pour une destination inconnue, on retrouve effectivement l'ambiance des séries de guerre genre "band of brohers".
Le second tome est aussi bon bien que déroutant avec cette attente des "bagages" pendant trois mois avant cette fausse guerre pour gagner du terrain, et l'ignorance du biffin de base sur ce qu'il fait et même où il est est très bien rendu. Et en plus Alan est un chic type plein d'humanité qui sait regarder les gens qu'il rencontre sans à priori.
Comme beaucoup j'ai trouvé le troisième tome un peu long et trop verbeux, un peu loin du sujet (la guerre) même s'il s'agit de savoir ce que sont devenus les personnes qu'Alan a rencontré pendant sa période militaire.
Mais au total cette bd très originale est un formidable moment d'humanité à ne pas manquer, merci aux médiathèque de m'avoir permis ce rattrapage.
Après 2 tomes de très grandes tenues, ce nouvel épisode de la vie d'Alan Cope par Emmanuel Guibert était attendu depuis longtemps. Pour rappel, Guibert et Cope s'étaient lié d'amitié il y a quelques années, passionné par la vie de cet américain Guibert avait décidé d'en faire une BD. Après la formation et la guerre (tome 1 et 2), nous retrouvons Alan démobilisé à tous les sens du terme : peu ou pas de boulot et errance géographico-philosophique. En fait, ce dernier (?) volume raconte tout le reste de la vie de Cope : son retour raté aux USA, ses rencontres importantes et son encrage définitif en Europe. Cope raconte à sa manière ses souvenirs et Guibert les transfigure de façon très subtil grâce à sa plume.
Ce troisième tome de la Guerre d'Alan est le plus faible de la série. D'un récit universel (la guerre, le soldat, l'apprentissage, le doute) on passe à une histoire plus personnelle; Cope face à ses choix et ses doutes. J'ai eu un peu de peine à me sentir totalement concerné par le parcours d'Alan. Il a eu des épisodes heureux, malheureux, il a fait des rencontres ordinaires et extraordinaires, il a évolué et s'est trouvé. Cope est toujours honnête et raconte sans fard les hauts et les bas de son existence. Une vie parmi des millions, intéressante parfois, ordinaire souvent.
Guibert a fait de son mieux pour retranscrire tous ces souvenirs mais on le sent un peu gêné aux entournures. Il aime beaucoup son "personnage" tant qu'il se ballade et se construit par les rencontres, cela donne de très belles pages fortes (forêt, montagne).Avec l'âge Cope ne bouge plus beaucoup et devient bavard, le résultat sont des pages surchargées de texte qui étouffent la narration délicate qui a fait la force des deux premiers volumes.
Tout n'est pas à jeter dans cette BD, et de loin ! Mais 120 pages pour 45 ans de vie, les deux premiers tomes (200 pages) se déroulent sur 3-4 ans, ce n'est pas assez, c'est trop condensé. Le système narratif basé sur l'anecdote ne fonctionne plus aussi bien.